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COP21 : le bilan

187 fois oui... mais pour quoi ?

dimanche 13 décembre 2015

par Safi Douhi

La 21e Conférence des parties (COP21) s’est terminée samedi 12 décembre par la signature qualifiée d’« historique » d’un accord international pour limiter la hausse des températures.

Qu’il est agréable de se réveiller en apprenant que la diplomatie internationale est encore capable de s’entendre ! 187 des 194 États qui ont pris part à la COP21 ont, en effet, approuvé le texte consensuel que leurs délégués ont rédigé après deux semaines d’intenses discussions. Les uns voulaient pouvoir enfin profiter des bienfaits économiques de l’industrialisation, les autres voulaient leur faire entendre raison après deux siècles de profits grâce à cette même industrialisation qui a précipité le réchauffement, et d’autres encore voulaient simplement pouvoir continuer à habiter leur île, vouée à disparaître avec la montée des eaux.
Jusqu’ici, aucun accord n’avait été trouvé pour limiter le réchauffement climatique, après 20 rendez-vous internationaux. Le fait que les 187 chefs d’États et de gouvernement présents à Paris, le 12 décembre 2015, aient validé un texte à une très large majorité peut être qualifié d’historique. L’ambition portée par ledit texte, beaucoup moins.
Certes, les pays riches se sont engagés à aider les pays les plus pauvres à œuvrer en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, avec un fonds d’au moins 100 milliards de dollars - plus de 90 milliards d’euros - pour les aider à investir dans les énergies et les technologies propres. Certes, les gros pollueurs, y compris « novices » (Chine, Inde, Brésil...), se sont engagés à limiter leurs émissions. Mais pour quoi ? L’accord stipule que tous les pays impliqués s’engagent à limiter le réchauffement climatique à, au plus, 1,5 °C au lieu des 2 °C que l’on prévoit pour la planète d’ici la fin du siècle. Mais qui nous dit que malgré tous nos efforts, nous y parviendrons ? Il y a une chose que la politique a oublié : la nature.
Peut-être le climat s’emballera-t-il davantage sans que nous puissions y faire quoi que ce soit. Peut-être, au contraire, se régulera-t-il de lui-même car il est aussi dépendant de la biosphère terrestre tout entière et pas seulement de l’homme - ce qui ne veut pas dire que cela se passera sans heurt. Ou peut-être se réchauffera-t-il seulement d’1,5 °C, comme nous l’espérons. Car il ne s’agit bien là que d’un souhait, en aucun cas d’une donnée. Plutôt que d’accord « historique », parlons donc d’accord « encourageant » et gageons qu’il ne faudra pas encore plusieurs conférences internationales sur le climat pour que nous prenions enfin conscience du retard que nous avons accumulé, à l’image des molécules responsables de l’effet de serre dans notre atmosphère.

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