Du Voyage fantastique de 1966 à L’aventure intérieure, sa version librement adaptée de 1987, le cinéma met en scène depuis longtemps des minimachines que l’on peut diriger dans le corps humain et ses cellules. Une équipe de recherche de l’Université de Pennsylvanie travaille à rendre cet imaginaire bien réel. Après avoir développé, en 2005, un premier nanomoteur dépendant d’une énergie chimique – donc non testable in vivo – (1), les chercheurs ont développé une nanomachine métallique de la forme d’une capsule ou d’une roquette, propulsée par des ultrasons (2). Constitué d’or et de ruthenium et absorbé sur une cellule HeLa, l’engin est dirigé grâce à des champs magnétiques.
Les chercheurs démontrent que leurs appareils peuvent brasser le milieu cellulaire comme des agitateurs magnétiques intracellulaires ou se projeter contre la membrane cellulaire, provoquant ainsi une destruction ciblée. Le système est assez fin pour que les chercheurs dirigent différents nanomoteurs de manière indépendante au sein d’une même cellule, permettant ainsi de réellement construire une action ciblée intracellulaire.
Tom Mallouk, un des chimistes à l’origine de ce projet, rêve « de créer une médecine inspirée du Voyage fantastique, que ces engins puissent un jour voyager à travers l’organisme, communiquant les uns avec les autres et réalisant différents types de diagnostics ou de thérapies ». Une idée qui semble en passe de devenir réelle.
Des nanomoteurs très actifs dans des cellules HeLA
© Mallouk lab/Université de Pennsylvanie
(1) Kline TR et al. (2005) Angew Chem Int 44, 744-6
(2) Wang W et al. (2014) Angew Chem Int (sous presse)
Source : Université de Pennsylvanie
Plusieurs nanomoteurs au sein d’une cellule HeLa. Les flèches indiquent leur trajectoire.
© Mallouk lab/Université de Pennsylvanie