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Alzheimer, le film du déclin

vendredi 13 juillet 2012

par Marie-Catherine Mérat

En examinant des sujets à risque pour la forme familiale, une équipe de recherche a décrit la séquence détaillée des événements précédant la survenue de la maladie.

Un consortium de chercheurs américains et britanniques a réalisé une avancée majeure dans la compréhension de la forme familiale de la maladie d’Alzheimer : décrire dans le détail le décours temporel des processus pathologiques survenant chez des patients à fort risque de développer cette pathologie (1).
Conduite dans le cadre du partenariat international DIAN (Dominantly Inherited Alzheimer’s Network), l’étude s’est attachée à évaluer les marqueurs présymptomatiques de la maladie d’Alzheimer chez 128 sujets génétiquement prédisposés à développer la forme familiale, très rare – elle représente moins de 1 % des 860 000 cas estimés en France (2) – caractérisée par un début précoce, avant 60 ans.
Après avoir prédit l’âge d’apparition des premiers symptômes chez les participants en exploitant leur histoire familiale, les scientifiques les ont soumis à un certain nombre d’examens (tests cognitifs et cliniques, analyses de sang, de liquide céphalo-rachidien (LCR) et imagerie cérébrale). Résultat : le premier événement pathologique constaté est observé 25 ans avant l’âge estimé d’apparition de la maladie. Il s’agit d’une baisse de la concentration de peptides β-amyloïde (Aβ)42 dans le LCR. Cette forme de peptides à 42 acides aminés, contrairement à la forme normale qui n’en compte que 40, est connue pour s’agglutiner plus facilement en plaques amyloïdes, lésions classiquement décrites dans la maladie d’Alzheimer avec la dégénérescence neurofibrillaire. Les données de l’étude montrent d’ailleurs que les plaques β-amyloïdes sont déjà observables 15 ans avant que la maladie ne se déclare chez les participants. Autres changements notables : une augmentation des concentrations de protéines tau – constitutives des plaques neurofibrillaires – dans le LCR et de l’atrophie cérébrale 15 ans avant l’apparition de la maladie, un hypométabolisme cérébral (diminution de l’utilisation du glucose), un affaiblissement de la mémoire épisodique 10 ans avant les premiers symptômes et enfin, une déficience cognitive globale 5 ans plus tard.
Ce déroulé détaillé des événements pathologiques avant-coureurs de la maladie permettra sans aucun doute d’envisager des traitements préventifs pour les sujets concernés. Reste que ces derniers ne représentent qu’un très faible pourcentage des cas d’Alzheimer, une maladie quasiment considérée comme une pandémie aujourd’hui. Dans quelle mesure ces résultats améliorent-ils notre compréhension de la forme sporadique de la maladie, qui touche des millions de personnes dans le monde ? Cela reste à déterminer.

(1) Bateman R et al. (2012) N Engl J Med, doi:10.1056/NEJMoa1202753
(2) Cassagnaud P (2012) Biofutur 330, 56-9

Cerveaux malade (AD) et sain marqués au PiB (PET scans) – © Klunkwe Caractéristiques de la MA

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