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Biocarburant low-cost

jeudi 13 mars 2014

par Nadège Joly

La levure Metschnikowia Pulcherrima produit un biocarburant à base de déchets agricoles avec un rendement inégalé.

Produire un carburant à la fois soucieux de l’environnement, peu cher et n’entrant pas en compétition avec les filières alimentaires est devenu possible. Le microbiologiste Fabio Santamauro et ses collaborateurs de l’université britannique de Bath se sont récemment intéressés à une innovante production de biocarburant à partir de végétaux non comestibles, à savoir des déchets agricoles. Celle-ci intègre dans ses procédés Metschnikowia Pulcherrima, une levure à l’origine de la fermentation du vin. Ce micro-organisme oléagineux n’avait jusqu’alors pas été envisagé pour produire des agrocarburants. Les dernières générations de biocarburants, basées sur l’utilisation de bactéries (deuxième génération) et de micro-algues (troisième génération), exigent d’onéreuses conditions, notamment le contrôle de la température, l’utilisation d’un fertilisant, la présence d’un éclairage et la mise en place d’un milieu stérile pour lutter contre les espèces invasives en compétition sur l’utilisation du substrat. Voilà pourquoi les chercheurs explorent d’autres horizons en vue de concevoir une solution moins coûteuse.
M. Pulcherrima, connue pour son action antimicrobienne due à la production d’un pigment rouge, la pulcherrimine, séquestre le fer disponible dans le milieu et bloque ainsi les métabolismes des autres micro-organismes. Ainsi, nul microbe ne peut interagir avec la biomasse et diminuer le rendement de production de biocarburants. Sa culture ne nécessite, par conséquent, aucune précaution particulière. Fabio Santamauro et ses collaborateurs ont placé M. Pulcherrima dans un réacteur industriel ouvert de 500 litres, en présence d’une biomasse non alimentaire composée de sucres issus de la dépolymérisation de la lignocellulose, et se sont aperçus que la levure est aussi bien active à basse température qu’à pH très acide. Et son rendement s’élève jusqu’à 40% de lipides. L’action antimicrobienne couplée à l’efficacité de la levure dans des conditions extrêmes contribue au caractère low-cost de cette alternative. Les expériences réalisées dans de grands volumes démontrent aussi la possibilité de produire à grande échelle ce biocarburant. Reste à déterminer si cette alternative nourrira les 10% d’énergies renouvelables imposés à nos véhicules d’ici à 2020 par la directive 2009/28/EC du Parlement européen.

Santamauro F et al. (2014) Biotechnol Biofuels 7(1), 34

Il est aujourd’hui possible de produire des biocarburants à partir de levures.
© Steve Jurvetson (Flickr) [CC-BY-2.0], via Wikimedia Commons

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