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Bioproduire à partir du CO2

vendredi 27 novembre 2015

par Agnès Vernet

Toulouse White Biotechnology (TWB) concrétise son premier projet avec la création de la cleantech EnobraQ. Objectifs : bioproduire moins cher tout en répondant au problème des émissions de CO2.

D’un côté, les éléments biosourcés, véritable alternative aux produits issus du pétrole, forment un marché en pleine expansion. De l’autre, le CO2 est un produit secondaire de l’industrie de plus en plus encombrant. Si les bactéries et les microalgues photosynthétiques consomment ce gaz comme source de carbone, l’utilisation de ces micro-organismes pour une bioproduction à échelle industrielle est encore très difficile. En revanche, on maîtrise depuis longtemps les gros volumes de levures. EnobraQ répond à ces deux besoins en développant des levures génétiquement modifiées afin de produire des molécules d’intérêt industriel à partir du CO2.
Issue des travaux menés par Denis Pompon au sein du Laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés, situé sur le campus de l’Institut national des sciences appliquées à Toulouse, l’entreprise cherche à créer une souche synthétique de levure réunissant la voie métabolique de l’enzyme RubisCo – naturellement présente chez les organismes photosynthétiques – qui convertit le CO2 en glucides et une autre s’appuyant sur des hydrogénases – découverte chez des bactéries – permettant d’utiliser le dihydrogène comme source d’énergie et d’éviter ainsi les contraintes liées à la fermentation à la lumière.
Il existe déjà des levures capables de produire des composés d’intérêt industriel comme l’acide succinique, brique élémentaire des industries cosmétique, textile, pharmaceutique, agro-alimentaire et du plastique. La technologie d’EnobraQ se greffera en amont des voies métaboliques de la levure Saccharomyces cerevisiæ et exploitera comme source de carbone les rejets industriels de CO2, voire, dans un second temps, la version atmosphérique du gaz. Ce système vise à fournir à l’industrie des éléments de base produits par chimie verte. La constitution d’un portefeuille d’éléments bio-sourcés ne semble pas problématique au vu du grand nombre d’outils d’ingénierie génétique disponibles pour cet organisme.
Les performances productives des levures sont telles que les porteurs de projets ne s’attaquent pas aux produits de spécialité mais à la « commodité chimique », l’ensemble des molécules chimiques standardisées qui constituent le tout venant de l’industrie. Pour cela, il faut être en mesure de proposer de très gros tonnages et que le prix de ces produits ne dépasse pas 5 € par kilogramme. Cet objectif est possible grâce au système de taxation des émissions de CO2, qui rend cette matière première très avantageuse.
Tout a commencé en 2012 par un « projet pré-compétitif ». Cette appellation regroupe des projets très risqués auxquels TWB donne les moyens de démontrer leur intérêt durant un an, un système financé par les cotisations des partenaires privés du démonstrateur public. Après plus de deux ans de recherche et trois brevets déposés, cette idée devient une entreprise le 30 octobre 2015. Soutenue par la société de capital risque Sofinnova, qui y investit 1,3 million d’euros, EnobraQ vise le développement, d’ici deux ans, d’un pilote de recherche, véritable preuve de concept pour les biotechnologies industrielles.

L’équipe d’EnobraQ
© TWB/B. Hamousin

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