Couvrant environ 71 % de la surface de la planète, les océans jouent un rôle central dans des événements climatiques tant ils peuvent accumuler ou restituer de la chaleur via des courants marins susceptibles d’influencer les masses d’air. Au sein des phénomènes océaniques, El Niño et La Niña sont les plus célèbres. Formés de manière récurrente au large du Pérou, ils se traduisent par des courants différents de ceux observés avec le climat habituel : El Niño constitue une hausse de la température de l’eau et La Niña, une baisse. L’un comme l’autre modifie la circulation atmosphérique régionale, les vents et les précipitations.
Leurs conséquences ne se limite pas au ciel. Lors du phénomène La Niña, des eaux profondes, froides et riches en nutriments remontent à la surface du Pacifique équatorial. La quantité de plancton augmente alors et entraîne un accroissement des populations de poissons suiveurs dans la chaîne trophique. À l’inverse, El Niño conduit à un appauvrissement des stocks halieutiques via une diminution de la biomasse planctonique. Il existe des modèles informatiques représentant ces phénomènes. Des chercheurs de Météo-France, du CEA, du CNRS et de l’Université de Versailles Saint‐Quentin‐en‐Yvelines ont couplé un de ces logiciels à une modélisation de la chaîne trophique marine. Ils parviennent ainsi à prévoir la production annuelle de phytoplancton dans cette zone de l’océan Pacifique.
Pour tester leur approche, les scientifiques ont comparé leurs prévisions aux observations satellitaires de la biomasse marine des 15 dernières années. Les résultats indiquent que ce modèle couplé est capable de prévoir les variations de biomasse marine au large des côtes péruviennes avec une prospective de deux à cinq ans. Cet outil pourrait participer à l’organisation d’une pêche raisonnée dont les quotas seraient ajustés en fonction des stocks halieutiques prédits par le modèle.
Séférian R et al. (2014) Proc Natl Acad Sci USA 111, 11646-51
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© NASA via Wikimedia Commons