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Ça chauffe pour la diversité marine

mercredi 31 octobre 2012

par Agnès Vernet

Les changements climatiques font craindre un appauvrissement des populations de phytoplanctons.

Le réchauffement climatique risque de mettre en péril les écosystèmes marins. Les phytoplanctons, base de la chaîne alimentaire marine, sont des micro-organismes sensibles à la température de l’eau. D’après les travaux de Mridul Thomas, de l’Université d’État du Michigan (États-Unis), la tolérance à la hausse de température des phytoplanctons varie (1). L’étude de 194 espèces de phytoplanctons réparties sur une large surface du globe (de 76°N à 75°S) a permis d’estimer la température optimale de vie pour chaque famille de micro-organisme. Les espèces polaires ou des milieux tempérés, qui semblent vivre à des températures proches de leur optimum, supporteront assez facilement une hausse de quelques degrés. Mais ce ne sera pas le cas pour les phytoplanctons tropicaux dont les conditions de vie sont déjà proches des limites de tolérance de ces micro-organismes.
En combinant ces données à un modèle d’éco-évolution, l’équipe de Mridul Thomas conclut qu’un tiers environ des espèces tropicales ne pourront pas se maintenir après une hausse de la température de l’eau d’approximativement 2 °C, ce qui correspond à celle attendue d’ici la fin du siècle. Pour elles, il n’y a que deux solutions : migrer vers les pôles ou évoluer.
Mais migrer, c’est se trouver en compétition avec d’autres espèces, mieux installées et déjà adaptées à ce nouvel environnement. Quant à évoluer, les travaux d’Emma Huertas, de l’Institut andalou pour les sciences marines, suggèrent que toutes les espèces de phytoplanctons ne sont pas dotées de la même aptitude évolutive (2). Lorsque que l’on hausse progressivement la température de l’eau dans laquelle elles vivent, certaines s’adaptent facilement quand d’autres ont du mal à suivre.
Ainsi, les changements climatiques risquent d’amener un appauvrissement de la biodiversité marine. Du moins dans un premier temps car, quels que soient les modèles, l’avenir reste un mystère.

(1) Thomas MK et al. (2012) Science, doi:10.1126/science.1224836

(2) Huertas IE et al. (2011) Proc Biol Sci 278, 3534-43

© Lamiot via Wikimedia Commons

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