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Cibler un récepteur pour contrôler la glycémie

jeudi 29 mars 2012

par Safi Douhi

Des chercheurs de l’université de Californie ont identifié un récepteur cellulaire dont le contrôle pourrait changer la donne dans la lutte contre le diabète de type 2.

Il représente près de 85 % de tous les types de diabètes. « Il », c’est le diabète de type 2, qui touche quelque 285 millions d’individus à travers le monde, selon la Fédération internationale du diabète, un chiffre qui pourrait atteindre 438 millions en 2030. En France, le nombre de malades dépasse le million et demi d’individus.
D’un point de vue métabolique, le diabète de type 2 est caractérisé par une hyperglycémie chronique due à la synthèse de glucose à partir des acides gras du tissu adipeux et du glycogène du foie (néoglucogenèse). Le glucose sanguin, lui, n’est plus dégradé et son taux s’élève progressivement, l’hormone chargée de le réguler (l’insuline) n’ayant plus aucun effet. On parle alors d’insulinorésistance. L’organisme réagit en surproduisant l’insuline, épuisant à petit feu le pancréas qui la sécrète. L’hygiène alimentaire est à la base du traitement du diabète de type 2, accompagnée, si elle est inefficace, par des antidiabétiques oraux, comme la metformine, et une insulinothérapie. Problème : ce diabète est bien souvent diagnostiqué lorsqu’il est installé et les traitements ne font qu’en retarder les complications.
Des chercheurs de l’université de Californie à San Diego et à San Francisco ont découvert qu’un récepteur membranaire présent notamment dans le système nerveux central et le tissu adipeux blanc joue un rôle crucial dans le métabolisme du glucose et que son contrôle pourrait aider à casser le phénomène d’insulinorésistance. Longtemps considéré comme un simple récepteur aux neurotrophines (d’où son nom), p75NTR est un membre de la famille des récepteurs de facteurs de croissance tumorale (TNF) qui intervient dans la modulation de la survie et la différenciation des cellules, ce qui lui vaut d’être impliqué dans la régénération du foie et des muscles, le développement des neurones sensoriels et des vaisseaux sanguins. p75NTR forme un complexe avec deux GTPases, Rab5 et Rab31, qui régulent à la surface des adipocytes la disponibilité du transporteur de glucose GLUT4, dont l’activité est directement sous influence de l’insuline. Les chercheurs ont montré que des souris dont l’expression de p75NTR est inactivée ou bloquée voient leur sensibilité à l’insuline s’accroître lorsqu’elles sont soumises à un régime normal, et leur néoglucogenèse stoppée. À l’inverse, la surexpression de p75NTR entrave le transport du glucose en vue de son métabolisme.
D’après les chercheurs, le récepteur p75NTR pourrait donc, à lui seul, réguler la glycémie. Si c’est avéré, il deviendrait, de fait, une cible de choix pour de futurs traitements contre le diabète de type 2

Baeza-Raja B et al. (2012) Proc Natl Acad Sci USA,
doi:10.1073/pnas.1103638109

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