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Comme une odeur d’hypertension artérielle pulmonaire

lundi 9 décembre 2013

par Agnès Vernet

Un consortium international œuvre pour créer une méthode de dépistage précoce de l’hypertension artérielle pulmonaire grâce aux composés volatiles exhalés.

Déjà reconnu pour le dépistage des cancers du sein et du poumon notamment, le nez électronique Na-Nose – « Na » pour nanotechnologie – est lancé sur la piste de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une maladie vasculaire sévère entraînant une insuffisance cardiaque droite et le décès dans les cinq ans suivant le diagnostic trop souvent tardif de la maladie. Ce système de détection de composés volatiles dans l’haleine s’appuie sur les travaux d’Hossam Haick, du laboratoire israélien du Russel Berrie Nanotechnology Institute, en matière de nanomatériaux. Les capteurs qui reposent sur plusieurs technologies comme les nanoparticules métalliques optimisées pour les ligands organiques, les nanotubes de carbone ou les nanofibres de silicone, permettent d’identifier une signature olfactive spécifique d’une pathologie, même en l’absence de symptômes. Plus qu’une somme de facteurs spécifiques, le nez électronique met en évidence « l’odeur de la maladie ».
Le concept a déjà fait ses preuves pour discriminer différents cancers et dépister des phases précoces du cancer du poumon. La création d’un Laboratoire international associé (LIA) sera dirigée par Marc Humbert, de l’UMR Université Paris-Sud/Inserm 999, et le Laboratoire du Technion, en Israël, et devrait permettre d’adapter cette technologie au dépistage de l’HTAP. Ce projet, à l’initiative de Sylvia Cohen-Kaminsky, directrice de recherches au Centre chirurgical Marie Lannelongue au Plessis-Robinson, a pour principal objectif d’identifier la maladie dès sa phase précoce chez des patients à risque, encore asymptomatiques, grâce à un nez entraîné et dédié à l’HTAP. La méthode de référence pour le diagnostic de l’HTAP consiste à mesurer la pression dans l’artère pulmonaire. Une approche invasive, risquée pour le patient et coûteuse. « L’enjeu est important quand on sait qu’il y a une errance diagnostique de presque trois ans après l’apparition des premiers symptômes et que plus la maladie est détectée précocement, meilleure est la prise en charge », précise Marc Humbert. « La preuve de concept soutenant l’existence d’une “odeur de l’HTAP” existe déjà », ajoute Sylvia Cohen-Kaminsky. Les recherches au sein de ce LIA vont donc se concentrer sur la conception d’un outil de dépistage, tout en utilisant les données recueillies sur les composés volatiles pour explorer les voies biochimiques associées et améliorer ainsi la connaissance de la physiopathologie de l’HTAP.
Si les données expérimentales mettent en évidence une spécificité assez importante, le Na-Nose HTAP pourra se lancer à l’assaut des sociétés médicales internationales afin d’être reconnu comme une méthode diagnostique fiable. D’ici là, les efforts concertés entre le Russel Berrie Nanotechnology Institute et l’équipe française doivent non pas adapter le Na-Nose à l’HTAP, mais réinventer le concept afin de l’ajuster aux spécificités des maladies respiratoires. Cette recherche d’innovation est un facteur essentiel de l’éligibilité aux financements européens Horizon 2020 auxquels le LIA concourt. L’équipe espère concevoir un premier prototype au moins aussi rapidement que pour le Na-Nose spécifique des cancers, qui n’aura eu besoin que de six ans pour se préparer à la commercialisation et à l’utilisation au lit du malade.

Source : Inserm

Cohen-Kaminsky S et al. (2013) Am J Respir Crit Care Med 188, 756-9

Hossam Haick et le dispositif Na-Nose
© Russel Berrie Nanotechnology Institute/Technion

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