Deinove carbure avec ses bactéries

Deinove annonce une première mondiale : produire du bioéthanol grâce à des bactéries déinocoques. La biotech parisienne avait, ces dernières années, parié sur la possibilité d’obtenir des bactéries qui seraient à la fois capables de dégrader la biomasse et de produire de l’éthanol. Elle vient de donner sa preuve de concept.
L’originalité de la procédure réside dans le choix des ferments : les déinocoques sont une famille de bactéries extrêmophiles réputées pour leur robustesse et leur grande stabilité génétique. Jacques Biton, directeur général de Deinove raconte fièrement : « Nous avons réussi à remanier leur génome. Aujourd’hui, nous avons construit une plateforme de biologie synthétique nous permettant de le modifier facilement.  » C’est d’ailleurs la clé de ce succès.
À partir de déinocoques thermophiles, les chercheurs ont sélectionné les souches les plus efficaces pour dégrader la biomasse. Des approches recombinantes puis d’évolution guidée ont enfin permis d’obtenir des bactéries capables de produire de l’éthanol. À ce stade des recherches, les déinocoques de Deinove produisent un biocarburant à 3-4 % d’éthanol.
Cette technologie d’approche est brevetée par la biotech. Comparées aux stratégies actuelles utilisant des levures qui ne peuvent survivre au delà de 37 °C, celles utilisant les déinocoques thermophiles (efficaces entre 40 et 60 °C) devraient permettre aux industriels de réaliser une économie notable en énergie. En effet, les bactéries sélectionnées ne nécessitent pas de refroidissement pour réaliser la fermentation alcoolique.
Heureux d’avoir passé cette étape clé de la validation de procédé, Jacques Biton souhaite attaquer la phase pré-industrielle. « Nous allons continuer de faire évoluer les déinocoques. L’idéal serait qu’elles produisent 10 % d’éthanol d’ici l’année prochaine. » Un projet logique puisque Deinove a obtenu, le 12 mars dernier, le label Oséo « Entreprise innovante », une aide précieuse pour séduire des investisseurs.

Source : Deinove