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Des OGM favorisant la régulation biologique

mercredi 27 juin 2012

par Agnès Vernet

La culture à grande échelle de coton Bt dans les provinces du nord de la Chine a permis l’émergence de prédateurs généralistes, comme la coccinelle, favorisant ainsi la restauration de la biologique naturelle.

Si les cultures OGM sont connues pour modifier les écosystèmes, on entend souvent par là que les cultures transgéniques favorisent l’émergence de ravageurs secondaires en désorganisant les rapports de force entre les espèces. Une étude parue dans Nature montre que ces changements peuvent s’avérer bénéfiques pour la biodiversité. Ainsi les auteurs, de l’Académie des sciences agronomiques de Chine et de l’Inra, décrivent comment l’implantation massive de coton Bt dans les provinces du nord de la Chine a permis de restaurer une régulation biologique naturelle par la faune auxiliaire.
L’agriculture intensive est l’un des premiers facteurs de perturbation des écosystèmes. L’implantation massive d’une plante précise favorise la dominance d’un nuisible spécifique à cette culture. Dans le cas du coton, la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera), dont les larves se nourrissent des inflorescences, conduisent à d’importantes pertes qualitatives et quantitatives de récoltes de coton en Chine. Le coton Bt a ainsi été développé pour lutter contre les lépidoptères (dont la noctuelle de la tomate) en produisant une toxine dérivée de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt).
Cette souche modifiée de coton a été largement implantée en Chine. Elle représente 71 % des cultures de coton du pays et près de 95 % de celle des régions plus au nord.
L’analyse des données recueillies de 1990 à 2010 sur 36 sites dans 6 provinces du nord de la Chine a permis à l’équipe sino-française de quantifier l’utilisation des insecticides et les prédateurs présents dans l’écosystème du coton et des cultures environnantes. Depuis l’instauration du coton Bt dans la région, les chercheurs ont observé une baisse des quantités d’insecticides corrélée à l’augmentation des population de certains prédateurs. Ainsi la diminution de l’utilisation d’insecticides à large spectre dans ces régions a favorisé trois groupes majeurs de prédateurs généralistes : les coccinelles, les araignées et les chrysopes. Ces espèces prennent le rôle d’auxiliaire de culture en protégeant les cultures d’autres nuisibles non ciblés par la toxine Bt, comme le puceron Aphis gossypii. Les chercheurs ont également observé la colonisation des auxiliaires des cultures voisines non transgéniques (maïs, arachide, soja).
L’agriculture à grande échelle de coton Bt semble donc favoriser indirectement l’abondance des prédateurs généralistes dans les champs OGM. En ce sens elle pourrait, selon les auteurs, aider à restaurer un service écosystémique pertinent pour une agriculture durable.

Lu Y et al. (2012) Nature, doi:10.1038/nature11153
Source : Inra

© M. Manske via Wikimedia Commons

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