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Des algues enregistrent la fonte des glaces

mardi 19 novembre 2013

par Agnès Vernet

600 ans d’archives sont enfouis au fond des océans. Autant de données pour améliorer la prédiction des futurs changements climatiques.

La fonte des glaces polaires est une des conséquences les plus alarmantes des changements climatiques. Mais notre compréhension du phénomène est imparfaite. Il y a quelques années, les modèles prévoyaient la disparition de la banquise d’été à la fin de ce siècle. Désormais, les pronostics les plus fréquents s’accordent sur l’horizon 2030. Nous avons amélioré les modèles mais cela reste insuffisant. Pour nourrir un système mathématique de prédiction, l’important est d’avoir des données précises et nombreuses. Or les archives manquent quant à la vie dans les glaces arctiques.
Pour combler ce vide, un consortium allemand, américain et canadien s’est intéressé à Clathromorphum compactum. Très présente le long des côtes de l’hémisphère nord – y compris l’Arctique –, cette algue a une durée de vie hors du commun puisque certains spécimens ont plus de 600 ans. De plus, C. compactum s’entoure de couches calcaires chaque saison ensoleillée et réduit son activité photosynthétique lorsque la glace couvre complètement la surface de l’eau. Ces couches accumulées constituent de véritables archives des volumes de glaces annuels – selon leur épaisseur – mais aussi de l’importance relative des ions magnésium et calcium circulant à un moment donné.
Les chercheurs ont ainsi pu reconstituer une histoire des glaces arctiques sur 646 ans. Ils montrent que de 1530 à 1860 les zones arctiques et subarctiques ont traversé un Petit âge polaire, une période de températures basses, avant d’entrer dans une phase de hausses des températures. Ces données sont cohérentes avec la migration, au début du XVIe siècle, des populations Inuits vers le nord, qui a nécessité une extension des glaces. Les informations contenues dans les calcifications des algues permettent aussi de diviser le Petit âge polaire selon des variations de salinité de l’eau et de température. Autant d’informations fines qui améliorent notre compréhension des mécanismes de changement du climat dans cette zone très fragile.

Halfar J et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA, doi:10.1073/pnas.1313775110

Épaisse structure calcaire de C. compactum dans les océans du nord.
© avec l’aimable autorisation de Nick Caloyianus

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