Au sein des Filovirus, le virus Ebola n’est pas le plus effrayant. Il fait jeu égal avec son proche cousin le virus Marburg (MARV) et sa souche « Angola », responsable d’une mortalité supérieure à 90 %. Comme pour les autres virus de cette famille, il n’existe actuellement aucun traitement ou vaccin.
Des recherches dirigées par Thomas Geisbert, de l’Université du Texas à Galveston, augurent une solution très intéressante. Grâce à l’analyse du génome du MARV, les chercheurs de son équipe ont identifié sept protéines impliquées dans la réplication virale. En ciblant les gènes codant ces protéines avec de petits ARN interférents (ARNi) encapsulés dans des lipides, ils parviennent à soigner des singes Rhésus infectés, même trois jours après la contamination (1). Ce délai est extrêmement important car il correspond à l’apparition des premiers symptômes et à la date où le diagnostic biologique devient possible, le virus étant indétectable avant cela.
Pour le démontrer, 32 singes ont été contaminés avec une dose létale de MARV-Angola. 16 ont alors reçu le traitement soit quelques minutes après l’infection, soit un, deux ou trois jours plus tard. Tous les singes traités ont survécu alors que tous les animaux contrôles sont morts dans les neuf premiers jours.
Des travaux comparables ont démontré l’efficacité d’ARNi pour traiter une contamination à Ebolavirus 48 heures après la contamination (2). En retardant la limite d’efficacité du traitement, ces travaux sur le MARV se rapprochent de la réalité clinique. Non seulement ils constituent un espoir pour lutter contre le MARV – responsable de deux cas importés en 2008, l’un aux États-Unis, l’autre au Pays-Bas – mais ils pourraient aussi aider les autres développements contre les filovirus à franchir ce cap clinique.
(1) Thi EP et al. (2014) Sci Transl Med 250ra116
(2) Geisbert TW et al. (2010) Lancet 375, 1896-905
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Virus Marburg.
© T. Geisbert/University of Texas Medical Branch