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Du goût à la spermatogenèse

mercredi 3 juillet 2013

par Agnès Vernet

Un couple de protéines responsables de la perception de certains goûts se révèle crucial pour la spermatogenèse.

De la perception sensorielle à la spermatogenèse, la frontière biologique est mince. Deux protéines connues pour leur implication dans la perception des goûts umami – goût du L-glutamate et des ribonucléotides – et sucré jouent aussi un rôle central dans la fertilité masculine. Des recherches menées au Centre Monell de chimie des sens, à Philadelphie, montrent que, chez la souris, la délétion des gènes du récepteur au goût TAS1R3 et de la sous-unité α de la gustducine GNAT3 – protéine G associée – provoque une stérilité des mâles.
Si des souris KO pour le gène GNAT3 expriment une forme humanisée de la protéine TAS1R3 sensible à l’inhibition pharmacologique par le clofibrate, la production de sperme est aussi compromise. Dans ce modèle de laboratoire, les chercheurs observent une oligospermie – faible nombre de spermatozoïdes –, des cellules testiculaires géantes et une exfoliation de l’épithélium séminifère qui aboutissent à une stérilité fonctionnelle, réversible à court terme. Les protéines GNAT3 et TAS1R3 semblent donc indispensables à la spermatogenèse.
La question pourrait s’arrêter à la découverte d’une voie de signalisation de la gamétogenèse mâle si les agonistes impliqués étaient décrits. Mais ce n’est pas le cas. Pour ces travaux, les chercheurs ont utilisé le clofibrate, utilisé en médecine comme traitement hypolipémiant, qui appartient à une famille de protéines abritant aussi des herbicides ciblant l’auxine (phytohormone), fréquents notamment aux États-Unis. Si pour certaines d’entre elles, des cas de stérilité masculine ont été répertoriés – les herbicides –, d’autres ne sont associées à aucune anomalie – le clofibrate. L’analyse de cette signalisation pourrait à la fois expliquer des situations aujourd’hui considérées comme idiopathiques et, à l’inverse, ouvrir des pistes pour stimuler une spermatogenèse déficiente.

Mosinger B et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA,
doi:10.1073/pnas.1302827110

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