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Du lombricompost à l’assaut des métaux lourds

lundi 17 septembre 2012

par Agnès Vernet

Moches ou bizarres, les vers de terre ? Peut-être mais surtout utiles. Certains absorbent même des métaux contenus dans des déchets urbains.

Le lombricompostage, cela marche très bien pour la biomasse végétale. Une étude du Département de l’écologie et des sciences environnementales de l’Université de Pondichéry, en Inde, montre que les vers de terre sont aussi capables de travailler pour la remédiation des métaux lourds. En effet, Swati Pattnaik et Vikram Reddy démontrent que trois espèces de vers, Eudrilus eugeniae, Eisenia fetida et Perionyx excavatus, absorbent le plomb, le zinc, le cadmium, le cuivre et le manganèse issus des déchets urbains.
Les chercheurs ont travaillé à partir de trois fractions d’ordures : les déchets solides municipaux, les déchets végétaux des marchés et les déchets floraux. La première présente les plus fortes concentrations en cadmium, cuivre et zinc quand la deuxième contient le plus de plomb et de manganèse. La fraction florale comporte moins de métaux lourds que les autres parties des ordures municipales.
Les déchets ont subi un précompostage, ce qui les amène à plus de 60 °C, une température létale pour les vers. Une phase de stabilisation thermique est donc nécessaire avant d’introduire les lombrics. Lorsque la température atteignait 25 °C, 50 vers adultes ont été déposés à la surface de chaque pot contenant 5 kg d’un des types de déchets. Chaque espèce de vers était aussi séparée. On notera enfin que les chercheurs ont utilisé de la bouse de vache comme accélérateur de lombricompostage.
Après 60 jours, les auteurs ont calculé le gain de poids moyen pris par chaque espèce de vers, selon la fraction de déchet. La masse d’E. eugeniae a pris 122,8 % dans la fraction solide, 200 % dans la fraction végétale et 265,7 % dans la fraction florale. Pour E. fetida les résultats montrent des gains de 125,4 %, 261,2 % et 432,8 %. Enfin P. excavatus semble l’espèce la plus performante pour le lombricompost, les vers ayant grossi de 209,7 %, 525,8 % et 906,4 %. Mais la diminution de la concentration en métaux ne semble pas suivre cette tendance. E. eugeniae s’avère, en effet, plus efficace pour la remédiation de tous les métaux testés comparé à E. fetida et P. excavatus. Swati Pattnaik et Vikram Reddy supposent que certaines enzymes digestives des lombrics sont capables de dissocier les agrégats d’atomes en molécules plus simples et probablement moins toxiques.
Le procédé semble donc une méthode intéressante pour limiter nos rejets de métaux lourds dans le sol. Nous attendrons donc avec impatience les futures recherches sur le procédé moléculaire mis en jeu, qui promet un traitement des déchets plus... « ver » !

Pattnaik S & Reddy MV (2012) Int J Environ Waste Manag 10, 284-96

E. fetida © Mihaidu via Wikimedia Commons

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