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L’ADN poubelle en voie de recyclage

vendredi 7 septembre 2012

par Safi Douhi

Ce que l’on qualifiait il y a peu encore d’ADN poubelle n’est peut-être pas qu’un inutile résidu des centaines de millions d’années d’évolution.

Il y a onze ans, l’humanité découvrait son programme génétique grâce au séquençage complet du génome humain. Mais il ne suffit évidemment pas de connaître le code pour tout savoir des secrets de notre patrimoine génétique. Cette tache est revenue au consortium international ENCODE (ENCyclopedia Of DNA Elements), qui rassemble depuis 2004 pas moins de 440 chercheurs issus de 32 laboratoires.
Le 5 septembre, tout ce petit monde a révélé les résultats du projet dans 30 articles publiés dans des revues prestigieuses : Nature (6 articles dont un article général d’analyse des travaux), Genome Research (18 articles) et Genome Biology (6 articles), auxquels s’ajoutent des articles dans le Journal of Biological Chemistry, Science ou encore Cell. Tous ces articles compilent 1 640 données générées dans 147 types cellulaires différents. Où l’on apprend notamment, et c’est un des résultats les plus importants, que plus de 80 % de notre ADN code au moins une fonction biochimique. Un chiffre qui dépasse de très loin les 2 à 3 % que l’on pensait utiles à la synthèse protéique.
Mais à quoi peuvent bien servir les 77 à 78 % de cet ADN codant que l’on supposait inutiles jusque-là ? D’après les scientifiques du consortium, toutes ces séquences constitueraient la console de contrôle de la partie de notre ADN codant la synthèse des protéines. Ce sont ainsi près de 4 millions d’« interrupteurs » capables d’activer ou d’inhiber la synthèse protéique qui ont été découverts par les chercheurs d’ENCODE. « Notre génome est en vie grâce à ces millions d’interrupteurs qui déterminent si un gène doit être allumé ou éteint », explique Ewan Birney, du Laboratoire européen de biologie moléculaire de l’Institut européen de bio-informatique (LEBM-IEB), qui a coordonné cette vaste étude.
Reste maintenant à savoir à quoi servent les 20 % du génome sans fonction et à découvrir ce qui enclenche les interrupteurs moléculaires découverts par ENCODE.

Birney E (2012) Nature 489, 49-51
Retrouvez l’intégralité des articles publiés par le consortium ENCODE ici

© Ciencias Españolas [CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons

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