L’évolution des virus passe par un changement de cadre... de lecture

Parasites obligatoires, les virus n’utilisent pas les mêmes stratégies que les cellules, eucaryotes ou procaryotes, pour faire évoluer leur génome. Plusieurs exemples montrent que les virus à ARN utilisent le changement de cadre de lecture pour créer de nouvelles protéines à partir d’une séquence existante. Des recherches menées à l’Institut médical Howard Hughes de Seattle décrivent un processus identique chez un polyomavirus, virus à ADN double-brin.
Le polyomavirus des cellules de Merkel (PyVCM) est le premier virus dont la responsabilité directe dans l’apparition d’un cancer – carcinome de Merkel – est démontrée chez l’homme. En comparant son génome à celui des autres virus de la famille des Polyomaviridæ, les chercheurs ont découverts qu’une des protéines virales du PyVCM, l’antigène grand T, contient une séquence de 200 acides aminés divergente et plus étendue que ses équivalents au sein de la famille virale. Cette séquence traduit l’existence d’un second cadre de lecture du gène viral. Ce gène transcrit avec un cadre + 1 produit une protéine, baptisée ALTO, spécifique du PyVCM et dont la fonction doit encore être éclaircie. Les biologistes ont, néanmoins, déjà mis en évidence qu’elle est synthétisée lors de la réplication virale sans être indispensable au processus.
Au-delà de l’évolution des gènes viraux, en illustrant l’apparition de gène de novo, cette démonstration participe à nourrir les théories selon lesquelles les virus à ADN seraient à l’origine du passage d’un monde ARN à celui d’une prédominance de l’ADN dans les cellules.

Carter JJ et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA, doi:10.1073/pnas.1303526110

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