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L’humanité a-t-elle tué les moas ?

lundi 24 mars 2014

par Nadège Joly

Selon de récentes recherches, ces grands oiseaux coureurs ont disparu de la planète à la suite de la colonisation de la Nouvelle-Zélande.

L’ensemble des neufs espèces de moas – du genre Dinornithidæ – ont disparu des terres de Nouvelle-Zélande à la fin du XIIIe siècle. L’extinction de ces grands oiseaux coureurs, qui pesaient en moyenne 200 kilogrammes, coïncide étrangement avec l’arrivée de l’homme sur les îles de l’océan Pacifique. Dans un premier temps, les scientifiques, sans preuve génétique, ont émis l’hypothèse qu’une grande partie de la population des moas avait disparu bien avant qu’un homme ne pose le pied en Nouvelle-Zélande, laissant croire qu’un facteur non anthropique avait causé leur perte.
Cette idée a récemment été démentie par Morten Allentoft, du Muséum d’histoire naturelle du Danemark, et ses collaborateurs qui ont analysé les gènes de quatre espèces de moas. « Rien dans les ADN ancestraux de ces herbivores ne suggère qu’une des espèces étudiées était déjà dans un processus de disparition lorsque l’homme est arrivé », révèle Morten Allentoft. Pour résoudre ce mystère, revenons, tel un archéologue le ferait, sur les prémisses des interactions de la population avec l’environnement du pays.
En 1100, les maoris, population polynésienne autochtone, s’installent sur les littoraux de la Nouvelle-Zélande. Pour se nourrir, ils pêchent du poisson et chassent des phoques et de nombreux oiseaux. Parmi ces derniers, le moa, inapte au vol, est un animal en pleine santé et surtout une proie privilégiée. Sa viande, ses œufs, ses os et même sa peau fournissent aux hommes une nourriture riche en protéines ainsi que des vêtements. Suite à cela, les scientifiques sont clairs : l’extinction massive résulte de facteurs humains. « En tant que communauté, nous devrions davantage être soucieux de l’impact que nous avons sur la faune et la flore d’aujourd’hui et admettre les conséquences passées », déclare Mike Bunce, du département d’Environnement et d’agriculture de l’Université Curtin, en Australie occidentale. L’humanité serait donc en partie responsable de la disparition des moas. Et ce phénomène n’est pas isolé : le tigre de Bali, par exemple, a lui aussi disparu suite à une chasse intensive au XXe siècle. Combien d’espèces disparaissent et disparaîtront encore à cause de l’homme ?

Allentoft M et al. (2014) Proc Natl Acad Sci USA, doi : 10.1073/pnas.1314972111

© Squelettes de Moas, Muséum d’histoire naturelle de Vienne, par FunkMonk

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