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L’immunité naturelle, remède contre le paludisme ?

vendredi 23 mai 2014

par Agnès Vernet

Retour aux sources. La piste des résistances naturelles contre le paludisme ouvre de nouvelles voies de recherche vers un vaccin efficace.

Dans les régions infestées par Plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme, certains individus développent une résistance. Leurs anticorps ont trouvé une faille dans le cycle du pathogène, une brèche qu’il est possible d’exploiter pour développer des vaccins antipaludiques.
Disposant d’une banque d’échantillons plasmatiques issus d’une cohorte réalisée en Tanzanie – où le parasite est endémique –, des chercheurs appartenant à plusieurs institutions américaines sont partis en chasse d’un mécanisme de résistance intéressant. Leur proie ? Un antigène reconnu uniquement par les anticorps plasmatiques d’individus résistants. Pour cela, ils ont criblé une banque d’ADN complémentaire du parasite à différentes étapes de son cycle de reproduction avec un pool d’anticorps issus de patients résistants. En comparant leurs résultats avec ceux obtenus via des anticorps de patients susceptibles, les chercheurs ont identifié un antigène présent chez tous les variants de rongeurs ou de primates du parasite.
D’après des expériences in vitro, cet antigène est indispensable à la réplication du parasite : son blocage empêche la rupture du corps cellulaire formé dans les érythrocytes par les schizontes – le stade qui conclut la multiplication des parasites. Il a donc été nommé « PfSEA1 » (P. falciparum schizont egress antigen 1).
In vivo, la vaccination de souris avec un antigène PfSEA1 recombinant réduit d’un facteur 4 l’ampleur de l’infection des rongeurs par P. berghei.
Ce résultat est confirmé par l’étude des données immuno-épidémiologiques de la cohorte tanzanienne : les enfants porteurs de l’anticorps ne développent pas de forme grave de paludisme. En étendant cette analyse à une cohorte similaire construite au Kenya, les chercheurs observent que les adolescents et les adultes porteurs d’un anticorps anti-PfSEA1 ont un taux de parasites circulants plus faible que ceux qui en sont dépourvus. L’antigène semble donc une cible pertinente pour l’élaboration de nouvelles approches antipaludiques.
Dans un domaine de recherche où les espoirs ont été souvent déçus – l’OMS a entamé ses campagnes d’éradication dès 1950 ! –, cette démarche représente une chance d’enrichir l’arsenal antigénique des vaccins en cours de développement. Aujourd’hui, quelque 80 candidats vaccins sont à l’étude. Plus de 60 % d’entre eux s’appuient sur les quatre mêmes antigènes.

Raj DK et al. (2014) Science 344, 871-7
Schizonte de Plasmodium dans une cellule sanguine.
© J Kurtis

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