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L’oïdium, un pathogène pas comme les autres

mardi 23 juillet 2013

par Agnès Vernet

En décryptant l’histoire évolutive du pathogène du blé, des recherches mettent à nu l’importance de la relation avec l’hôte.

Pour suivre l’évolution de son hôte, un pathogène a tendance à constituer de nouvelles espèces. C’est notamment la stratégie mise en œuvre par les champignons biotrophes Phytophthora infestans, responsable du mildiou de la pomme de terre, et Mycosphærella graminicola, l’agent de la septoriose du blé. En revanche, l’oïdium du blé est un biotrophe obligatoire : sa reproduction est entièrement dépendante de son hôte.
D’après des recherches menées à l’Université de Zurich, en collaboration avec des instituts européens dont l’Inra, cette qualité a poussé le champignon à s’engager dans une voie évolutive particulière, centrée sur l’hôte. L’oïdium du blé se caractérise ainsi par au moins huit sous-types formæ speciale spécifiques de l’espèce hôte. En analysant Blumeria graminis forma specialis tritici, l’oïdium spécialiste de Triticum æstivum – le blé tendre –, les chercheurs montrent qu’il possède un génome étonnamment étendu pour un champignon – 180 mégabases –, constitué de 90 % d’éléments transposables. Les 10 % non répétés contiennent 6 540 gènes potentiels dont 602 semblent impliqués dans la relation avec la plante.
Le génome de B. graminis f. sp. tritici s’avère aussi être une mosaïque de génomes anciens partiels issue de lignées ayant coévolué avec les espèces de blés anciennes. La comparaison de ces génomes anciens avec des échantillons d’oïdium de provenance géographique variée indique que les pathogènes auraient divergé bien avant la domestication de la céréale. En clair, le pathogène est parfaitement équipé pour accompagné l’évolution de son hôte. On comprend alors que la lutte contre les biotrophes obligatoires exige des stratégies différentes de celle appliquée aux autres champignons biotrophes.

Wicker T et al. (2013) Nat Genet, doi:10.1038/ng.2704

B. graminis
© Inra/Frederic Suffert

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