Accueil du site > ECOTECH > La conservation des espèces marque des points

La conservation des espèces marque des points

vendredi 11 avril 2014

par Agnès Vernet

Pour une conservation de la biodiversité plus efficace, des indicateurs quantitatifs évaluent la richesse génétique des espèces.

Face à l’accroissement des pressions d’origine anthropique sur la biodiversité, les projets de conservation d’espèces sont débordés. Il y a tant à faire et si peu de moyens financiers ! Remarquant que les données génétiques sont souvent plus facilement disponibles que les informations écologiques, des chercheurs de l’Université Yale, à New Haven, en collaboration avec l’Imperial College de Londres, proposent de hiérarchiser les espèces à sauver en fonction de leur « diversité évolutionnaire » (DE), une évaluation quantitative de leur isolement au sein de l’arbre phylogénétique du vivant. En d’autres termes, il s’agit de prioriser les efforts de conservation vers les espèces en danger porteuses de la plus grande richesse génétique.
Concrètement, cette valeur permet d’évaluer la perte génétique que représenterait l’extinction d’une espèce. Plus le score de DE d’une espèce est élevé, plus celle-ci est isolée dans l’arbre phylogénétique et a une histoire évolutive ancienne, et plus elle fait partie des « espèces que l’on ne peut pas se permettre de perdre », estime Dave Redding, biologiste à l’Imperial College. En revanche, une espèce avec une faible DE appartient à une branche dont d’évolution récente et son génome est largement redondant avec ses proches et nombreux parents.
Pour proposer des outils concrets d’aide à la décision, les chercheurs ont développé deux indices : l’EDGE (Evolutionary Distinct and Globally Endangered), qui combine la diversité évolutionnaire et le risque d’extinction d’une espèce, et l’EDR (Evolutionary Distinctness Rarity), qui rapporte la diversité évolutionnaire à la distribution géographique d’une espèce. En appliquant ces indicateurs aux 9 993 oiseaux recensés dans le monde, les chercheurs ont publié un top 50 des espèces prioritaires, au premier rang duquel apparaît le Guacharo des cavernes (Steatornis caripensis), un petit oiseau d’Amérique du Sud, seul représentant de la famille des Steatornithidæ, qui s’est constituée il y a plus de 65 millions d’années.
Ces travaux permettent aussi d’identifier les zones de grande richesse génétique, c’est-à-dire des régions de petite taille où de faibles moyens peuvent avoir un impact important pour la conservation de la diversité génétique. Sans surprise, les auteurs de l’étude conseillent d’être attentif aux îles et aux pays comme l’Australie, le Brésil, Madagascar et l’Indonésie.

Jetz W et al. (2014) Curr Biol 24, 1-12

S. caripensis de la grotte Humboldt, au Vénézuela.
© Walter Jetz

SPIP Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | mentions légales | logo Lavoisier logo facebook logo twitter Se connecter