Depuis plus de 50 ans, les scientifiques cherchent à comprendre comment Bacillus anthracis – l’anthrax, l’agent responsable de la maladie du charbon – peut tuer jusqu’à deux semaines après l’exposition et ce, malgré un traitement antibiotique. Un groupe de chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, de l’Université de Californie à Berkeley et des National Institutes of Health américains apporte enfin la solution.
Pour entrer dans une cellule, la toxine – une métalloprotéase – de B. anthracis s’associe avec un antigène bactérien qui permet sa translocation à travers la membrane plasmique. D’après ces nouveaux travaux, elle n’est pas systématiquement libérée dans le cytosol, l’antigène pouvant induire la constitution d’une vésicule autour de la métalloprotéase. Protégeant l’enzyme des protéolyses, l’endosome ainsi formé agit comme une bombe à retardement : il peut larguer son poison plusieurs jours après sa formation dans la cellule infectée ou dans les cellules voisines via des exosomes.
Cette stratégie du cheval de Troie explique l’inefficacité des traitements antibiotiques. Même après la mort de B. anthracis, la létalité de l’infection persiste grâce à ces bombes toxiques cachées dans des cellules apparemment saines. Cette étude apporte un nouvel éclairage sur la maladie du charbon et pourrait faciliter le développement de traitements plus ciblés.
Abrami L et al. (2013) Cell Rep, doi:10.1016/j.celrep.2013.10.019
La stratégie des « endosomes à retardement » de l’anthrax. D’après Raposo et Stoorvogel, 2013
© EPFL/Global Health Institute
Pastille : Anthrax en microscopie électronique recolorisée
© Arthur Friedlander