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Le « chik » prêt à débarquer aux Amériques

mercredi 9 avril 2014

par Agnès Vernet

Une étude panaméricaine démontre que les moustiques du continent peuvent transmettre le virus du chikungunya.

Il vient d’Afrique et d’Asie, s’est installé dans des îles de l’Océan indien et a même déclenché quelques épidémies en Europe… Le virus du chikungunya (CHIKV) aime les voyages. Ces derniers mois, il visite les Antilles françaises : l’Île de Saint-Martin a enregistré plus de 765 cas d’infection confirmée depuis le mois de décembre 2013. D’après des chercheurs des Instituts Pasteur de Paris et de Guyane, de l’Université Paris 6 Pierre et Marie Curie et de l’Institut Oswaldo Cruz, à Rio de Janeiro, il pourrait très facilement s’installer sur le continent américain.
Leur travaux s’appuient sur l’étude de 35 populations de moustiques prélevés en 2012 dans 10 pays à travers tout le continent, depuis l’Argentine jusqu’aux États-Unis en passant par le Panama. Les insectes récoltés appartiennent aux deux espèces – Ædes ægypti et Æ. albopictus – susceptibles d’héberger et de transmettre le CHIKV. Ces groupes d’insectes ont été testés pour trois isolats du virus, deux issus de l’épidémie de l’Île de la Réunion, entre 2004 et 2006, et un provenant de Nouvelle-Calédonie. Les résultats révèlent des taux de dissémination – nombre d’insectes porteurs du virus par rapport au nombre d’insectes exposés – élevés pour toutes les populations testées. Après avoir volontairement infectés les moustiques, les chercheurs ont établi qu’ils sont tous capables de transmettre le virus, quelle que que soit la souche virale qu’ils transportent.
Pour certains couples moutisque-CHIKV, l’efficacité de transmission – mesurée par le taux de particules virales isolées dans la salive des insectes – est extrêmement élevée : 96,7 % pour Æ. albopictus !
Les vecteurs sont donc parfaitement opérationnels pour accueillir le virus.
La situation est sérieuse puisque, l’été prochain, le Brésil accueillera des centaines de milliers de personnes venues des quatre coins du monde pour assister à la Coupe du monde de football. Le continent américain pourrait alors observer ses premiers cas autochtones de chikungunya, une infection asymptomatique pour 10 % des cas qui peut aussi produire des formes graves et très handicapantes, comme l’a démontré l’épidémie réunionnaise.

Vega-Rúa A et al. (2014) J Virol, doi:10.1128/JVI.00370-14

Æ. albopictus en plein repas.
© Institut Pasteur

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