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Le loup africain se distingue du chacal doré

vendredi 12 octobre 2012

par Agnès Vernet

Les deux canidés appartiennent bien à des lignées différentes. Un pas important pour protéger ces espèces menacées.

En 2008, un canidé coexistant avec le chacal doré et présentant des caractéristiques morphologiques et comportementales très différentes de ce dernier a été repéré et photographié au Sénégal. Cette découverte a suscité de nombreuses réactions et requêtes de la part de la communauté scientifique, désireuse de lever certaines interrogations concernant l’identification, la répartition et le statut de conservation de ce taxon parmi les canidés africains.
Philippe Gaubert, chargé de recherche au sein du laboratoire Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (Borea, Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/IRD/UPMC), en partenariat avec l’association Sylvatrop, a confirmé l’existence du loup en Afrique et a cherché à délimiter sa répartition actuelle, ainsi que ses caractéristiques génétiques et démographiques. Pour ce faire, des échantillons de canidés ont été récoltés en Afrique du Nord et de l’Ouest, et une partie de leur ADN mitochondrial séquencée. Cette étude s’est également attachée à déterminer les délimitations taxonomiques entre le loup africain et le chacal doré (Canis aureus), ce dernier ayant été considéré comme le remplaçant écologique du loup en Afrique. Grâce aux analyses génétiques, une nouvelle lignée mitochondriale de loups gris, correspondant à la sous-espèce Canis lupus lupaster, ou loup africain, a été délimitée.
Des procédures de classification taxonomique basées sur les séquences d’ADN mitochondrial ont permis d’identifier les canidés échantillonnés en Algérie, au Mali et au Sénégal comme étant des loups africains, ce qui étend l’aire de répartition de la sous-espèce à une large bande de 6 000 km allant de l’Éthiopie au Sénégal. Les comparaisons phylogénétiques ont également montré que le loup africain est une lignée relativement ancienne car présentant le niveau le plus élevé de diversité génétique au sein de l’espèce C. lupus, et dont l’âge géologique est similaire à celui des loups holarctiques du Pléistocène. Les résultats obtenus suggèrent donc que le loup africain représente une lignée endémique africaine dont les effectifs sont probablement restés stables au cours du temps, tout au moins jusqu’à la période actuelle.
Des observations de terrain inédites, au Sénégal, ont permis aux chercheurs de dresser un premier diagnostic morphologique et comportemental du loup africain. Des éléments, tels qu’une tête plus large et une queue plus courte, ainsi qu’un collier blanc plus développé et un comportement solitaire, le distinguent clairement du chacal doré, qui vit sur le même territoire. Cependant, les limites taxonomiques entre le loup africain et le chacal doré restent encore à clarifier, les résultats des analyses génétiques suggérant des événements d’hybridation entre C. lupus lupaster et C. aureus au Sénégal.
Au vu des actes de destruction (tirs, piégeages, empoisonnements) auxquels sont sujets les canidés sur le continent africain, l’Institut de recherche pour le développement insiste sur l’urgence d’établir le statut de conservation de ces populations. Des travaux menés par la même équipe de recherche sont en cours en Afrique de l’Ouest afin de caractériser plus finement les interactions entre C. lupus lupaster et C. aureus.

Gaubert P et al. (2012) PLoS ONE 7(8), e42740

Source : IRD

Canis lupus lupaster
© C Bloch

Canis lupus lupaster

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