Il y a 30 000 ans, à la fin du Pléistocène, des écureuils enfouissaient des graines dans le sol de Sibérie, en vue certainement de constituer des réserves pour les saisons froides. 30 000 ans plus tard, Svetlana Yashina et ses collaborateurs de l’Académie des sciences de Russie ont retrouvé le butin des rongeurs à quelque 38 mètres de profondeur dans le permafrost sibérien, au milieu d’une couche sédimentaire à -7 °C qui n’avait jamais été perturbée depuis leur passage.
Dans leur laboratoire, les chercheurs ont pu ramener à la vie ces graines, vieilles de près de 31 800 ans selon la datation au carbone 14, et faire pousser une variété de silènes (Silene stenophylla Ledeb.) typique de Sibérie. Une prouesse réalisée par clonage après culture des tissus immatures des graines. Les fleurs ainsi cultivées se sont révélées fertiles, donnant naissance à de nouvelles graines, viables elles aussi.
Une étude morphologique comparative de la plante ancestrale et de ses lointaines descendantes actuelles révèle des phénotypes distincts. Cette découverte met également en lumière l’extraordinaire cryorésistance des tissus immatures de la plante, qui devient ainsi le plus ancien végétal vivant.
Yashina S et al. (2012) Proc Natl Acad Sci USA,
doi:10.1073/pnas.1118386109