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Le papillon palmivore joue des pattes pour séduire

vendredi 29 mars 2013

par Agnès Vernet

Les mâles Paysandisia archon misent sur la phéromone alléchante émise par leurs pattes pour attirer les femelles.

Communiquer est vital pour survivre et se reproduire chez l’insecte, qui utilise ses sens pour percevoir son environnement et ses congénères. Car s’il peut communiquer par des signaux sonores et visuels, la communication chimique est prépondérante dans sa vie. Lors de la reproduction, des phéromones sexuelles sont libérées par les adultes d’une espèce afin d’attirer le/la partenaire de la même espèce. Des chercheurs de l’Inra, du Cirad et du CNRS se sont intéressés à la communication chimique chez un papillon de jour, le papillon palmivore Paysandisia archon, connu pour les dégâts qu’il occasionne sur les palmiers.
En observant ses – trois ! – pattes, ils ont d’abord suivi la parade nuptiale et découvert que le mâle frotte sa patte médiane contre le support sur lequel il est posé. Ce comportement attire la femelle qui atterrit alors près de lui. Au niveau de cette patte médiane, les chercheurs ont montré que le premier segment des tarses est modifié chez le mâle et qu’il porte une structure en brosse située au-dessous de la griffe. Cet organe (androconie) est caractéristique des papillons de la famille des Castniidae mais le lien n’avait pas été établi entre ce trait morphologique et l’émission d’une phéromone.
En analysant des extraits de la patte entière ou du support de grattage, les entomologistes ont identifié un composé unique dont la structure chimique, originale pour une phéromone de mâle, s’avère similaire à celles de phéromones sexuelles émises par les femelles de papillons apparentés à P. archon. Et ces « odeurs » émises par les androconies mâles sont parfaitement perçues au niveau des antennes de leurs congénères femelles. Or, chez les insectes, les antennes sont le siège de l’odorat.
L’ensemble de ces travaux éclairent d’un jour nouveau l’écologie chimique et la biologie reproductive de ce papillon. Habituellement, chez les papillons, ce sont, en effet, les femelles qui attirent les mâles en émettant une phéromone. Plus encore, ces résultats offrent de nouvelles perspectives en matière de lutte intégrée contre P. archon, par des techniques de piégeage sexuel par exemple.

Frérot B et al. (2013) Chemoecology,
doi:10.1007/s00049-013-0128-z

Source : Inra

P. archon © Inra / B. Frérot

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