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Les CAR T-cells brillent en clinique

vendredi 6 novembre 2015

par Agnès Vernet

Les lymphocytes T transformés de Cellectis ont permis de soigner une petite fille de 11 mois souffrant de leucémie.

C’est un premier succès clinique pour les CAR T-cells de Cellectis. Ces lymphocytes T cytotoxiques modifiés, afin d’attaquer spécifiquement les cellules cancéreuses, ont permis de soigner un bébé de 11 mois, une petite fille souffrant de leucémie aiguë lymphoblastique, hospitalisée à l’hôpital londonien Great Ormond Street (1). D’après ses analyses biologiques, l’enfant est en rémission 28 jours après avoir reçu une dose unique de CAR T-cells.
Ce n’est par la première prouesse clinique de cette stratégie inventée par Carl June de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Ce dernier a montré que des récepteurs aux antigènes chimériques (Chimeric Antigen Receptor, CAR) donnait aux lymphocytes T une affinité accrue pour les cellules cancéreuses (2). Il a alors suffi de transformer des lymphocytes T cytotoxiques, afin qu’ils expriment le récepteur chimérique, pour diriger la puissance de feu naturelle de ces cellules tueuses contre les cancers. Plusieurs équipes à travers le monde ont porté cette nouvelle forme d’immunothérapie vers la clinique. Il y a un an, la biotech américaine Juno Therapeutics a annoncé avoir permis à six patients adultes atteints de leucémie aiguë lymphoblastique réfractaire aux traitements conventionnels de trouver la rémission avec des CAR T-cells (3). L’enthousiasme autour de cette innovation est très grand comme le montre les importants contrats de partenariat signés entre des biotechs ou des universités à l’origine des projets et des acteurs d’envergure comme Novartis, Amgen, Pfizer ou Servier.
Ces deux derniers ont parié sur Cellectis, car, contrairement aux autres, la biotech française ne travaille pas sur une thérapie cellulaire autologue – les cellules du patients sont transformées puis réinjectées évitant ainsi tout risque de rejet immunitaire – mais sur des cellules universelles, allogènes (4). Grâce aux Talen, sa technologie d’ingénierie des génomes, la biotech française peut effacer la marque immunologique du soi à la surface de ses cellules. Elles deviennent alors invisibles pour le système immunitaires de l’hôte et, bien qu’exogènes, peuvent atteindre leur cible sans problème. Après l’industrialisation du procédé de fabrication, Cellectis sera en mesure de produire en amont ces cellules transformées, de les stocker comme n’importe quel produit de thérapie cellulaire normé et de les distribuer rapidement aux patients. Un processus qui permettra de réduire les coûts en comparaison de ceux de la stratégie autologue – estimés entre 250 000 et 1 million de dollars d’après Le Monde – et les délais d’accès au traitement pour les malades.
Cette première patiente a reçu le traitement à titre exceptionnel. Cellectis commencera son essai clinique de phase I d’ici à la fin de l’année 2015 avec le recrutement de 12 patients.

(1) Communiqué Cellectis du 5 novembre 2015
(2) Hang X et al. (2008) Mol Ther 16, 580-9
(3) Turtle CJ et al. (2014) 56e ASH Annual Meeting, du 6 au 9 décembre, San Francisco, abstract 384
(4) Simon M et al. (2014) Biofutur 352, 44-7

Leyla, en rémission grâce aux CAR T-cells de Cellectis
© Sharon Leese/GOSH

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