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Les changements climatiques enflamment les maladies à vibrions

lundi 23 juillet 2012

par Agnès Vernet

Plus aucun doute : la hausse des températures favorise l’émergence de maladies. Démonstration faite autour de la Baltique où les bactéries vibrio profitent pleinement de ce coup de chaleur.

Les changements climatiques pourraient faciliter l’émergence de maladies ? Le conditionnel n’est plus adapté, selon une étude publiée dans Nature Climate Change qui démontre que c’est déjà le cas. Les auteurs, un groupe international de climatologues, biologistes marins et écologistes, ont mis en évidence une corrélation entre l’augmentation de la température de la mer Baltique et l’émergence de maladies à vibrions.
Les vibrions sont une famille bien connue de bactéries marines. Pathogènes pour l’homme, elles sont responsables de différentes infections comme des gastro-entérites ou des septicémies, mais aussi du choléra. Ces bactéries se développent d’autant mieux que l’eau est chaude et la salinité faible. Or ce sont exactement les effets des changements climatiques sur la région Baltique.
Le réchauffement de la mer Baltique en surface est supérieur à 1 °C par décennie d’après les données recueillies par les auteurs. Ce qui est sept fois plus élevé que le taux global de réchauffement de référence selon les chercheurs. La Baltique est donc l’écosystème marin dont le réchauffement est le plus important de la planète. Déjà connue pour être faiblement salée, la mer Baltique est vouée à voir sa salinité baisser encore suite à ce réchauffement, les pluies étant plus fréquentes sur les côtes. La région Baltique est ainsi l’un des plus vastes écosystèmes marins à faible salinité à travers le monde.
En mettant en relation les variations locales de la température de l’eau et les déclarations de vibrioses (qui ne sont pas obligatoires exceptées pour le choléra), les auteurs ont mis en évidence une forte corrélation statistique : le nombre et la distribution des cas de maladies à vibrions étaient liés à un pic de température de la surface de l’eau. Chaque année où la température augmentait de 1 °C, le nombre de vibrioses s’accroissait de presque 200 %. Zones et périodes de réchauffement coïncident ainsi avec l’émergence inattendue de maladies à vibrions dans le nord de l’Europe.
D’après l’article ce type de situation est amené à se reproduire dans d’autres régions du monde. L’émergence de vibrioses observées dans des régions tempérées et froides du Chili, du Pérou, d’Israël, du Pacifique nord-ouest états-unien ou du nord-ouest de l’Espagne pourrait être aussi associée à la hausse de température de l’eau. L’impact de ces changements sur la pathogénicité des bactéries devrait aussi être observé à la loupe.

Baker-Austin C et al. (2012) Nature Climate Change doi:10.1038/nclimate1628

Vibrio vulnificus © CDC/James Gathany via Wikimedia Commons

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