Pendant des décennies, la biologie cellulaire a avancé à l’aveugle, tâtonnant entre les intersections régulatrices, empruntant parfois des impasses. Grâce à l’apport des technologies à haut débit, il est enfin possible de mieux s’orienter dans l’exploration des voies de régulation. Des chercheurs de l’Université de Zurich ont ainsi réalisé une carte des interactions et des régulations associées au trafic membranaire. Par microscopie quantitative, ils ont analysé l’activité d’endocytose lorsque 1 132 gènes impliqués dans le trafic cellulaire sont successivement bloqués par des ARN interférents. Cela représente l’analyse en haut-débit de 50.106 cellules uniques – organisées sur des plaques de cultures cellulaires – par 31.109 mesures – position, intensité des marquages, déplacement des organelles… –, soit pas moins de 14 térabits de données. Une somme d’informations considérable qu’il aurait été impossible de traiter sans l’apport de la bio-informatique et des outils de visualisation des datamasses.
Cette cartographie des interactions entre des kinases, des systèmes de transport membranaire et le cytosquelette offre un nouveau guide pour la compréhension des nombreux mécanismes pathologiques impliquant le trafic intracellulaire. Les chercheurs pourront désormais prédire les défauts de signalisation à l’origine des symptômes de maladies telles que le diabète ou les troubles neurologiques. Il sera même possible d’anticiper les interactions médicamenteuses. Avec une bonne carte, tout est plus simple !
Liberali P et al. (2014) Cell 157, 1-15
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