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Nouveaux succès en thérapie génique

mercredi 24 juillet 2013

par Agnès Vernet

Avec deux essais cliniques initiés, l’Institut pour la thérapie génique du Téléthon à Milan signe une nouvelle réussite dans la lutte contre les maladies orphelines.

Les vecteurs lentiviraux sont aujourd’hui au cœur de la thérapie génique effective. Le Téléthon italien vient de publier les données de deux essais cliniques de thérapie génique utilisant de tels vecteurs.
Depuis le printemps 2010, six jeunes patients ont été traités. Trois souffraient du syndrome de Wiskott-Aldrich, une immunodéficience génétique liée au défaut de WASP fonctionnelle, une protéine du cytosquelette. Les patients atteints font face à de graves infections à répétition. Les médecins et chercheurs ont prélevé leur moelle osseuse puis transformé leurs cellules souches hématopoïétiques avec le vecteur contenant le gène WASP fonctionnel (1). Depuis l’autogreffe, les patients présentent une amélioration radicale de leur fonction immune et des scores cliniques. L’expression de WASP mesurée concorde avec le bénéfice observé. Avec 20 à 32 mois de recul selon les patients, les chercheurs n’observent aucune anomalie d’expression ou intégration de la cassette génétique à proximité d’un oncogène.
Les trois autres patients sont porteurs – encore asymptomatiques – de leucodystrophie métachromatique, une maladie lysosomale létale provoquée par l’absence d’arylsulfatase A (ARSA) dans le système nerveux. Orpheline, cette pathologie se caractérise par une démyélinisation rapide des axones conduisant à une diminution des capacités motrices et cognitives. Elle se déclare après un ou deux ans de vie. Dans ce cas, la stratégie thérapeutique est plus complexe. Les cellules souches hématopoïétiques transformées se différencient en lignées sanguines exprimant l’ARSA (2). En passant la barrière cérébro-spinale, les cellules sanguines diffusent la protéine et restaurent les taux fonctionnels de l’enzyme. L’idée est donc de transformer les cellules souches hématopoïétiques afin d’apporter une protéine manquante à un tissu cible. Et ça marche ! Le premier patient a subi une autogreffe 21 mois avant la publication des données et ne présente aucun symptôme, comme les deux autres enfants traités sept mois avant la publication. Les chercheurs n’ont, là encore, observé aucune anomalie attribuable – ou non – au vecteur.
Les résultats préliminaires de ces essais – 16 patients seront traités à terme – menés par l’Institut pour la thérapie génique du Téléthon de Milan illustrent la maturation de la technique. La nouvelle génération de vecteurs semble sûre et efficace sans que cela dispense de suivi au long cours. Les thérapies géniques démontrent aussi leur potentiel pour agir sur des tissus non sanguins.

(1) Aiuti A et al. (2013) Science, doi:10.1126/science.1233151
(2) Biffi A et al. (2013) Science, doi:10.1126/science.1233158

Les chercheurs et les médecins de l’Institut pour la thérapie génique du Téléthon à Milan autour d’un patient.
© San Raffaele Telethon Institute for Gene Therapy (TIGET), Milan

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