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Nouvel envol pour l’évolution des oiseaux

lundi 26 mai 2014

par Agnès Vernet

Les oiseaux inaptes au vol ne se seraient pas éloignés de leur ancêtre commun en courant... mais en volant.

Parfois la connaissance avance par petits pas, parfois elle envoie les théories à la poubelle. Les travaux menés par Alan Cooper, de l’Université d’Adélaïde, en collaboration avec d’autres universités australiennes et néo-zélandaises, appartiennent à la seconde catégorie. Alors qu’on croyait la spéciation des oiseaux inaptes au vol provoquée par la séparation des continents – ce qu’on appelle une « spéciation vicérante », c’est-à-dire imposée par l’isolement géographique –, le collectif océanien de chercheurs démontre qu’ils se seraient dispersés sur la planète en volant avant de perdre cette aptitude.
Leurs recherches s’appuient sur l’analyse phylogénétique d’Æpyornis et Mullerornis, deux genres d’Æpyornithiformes – ou oiseaux éléphants, un groupe d’espèces inaptes au vol de Madagascar aujourd’hui éteint. Selon l’hypothèse classique, leur plus proche parent était Struthio camelus, l’autruche africaine, dont ils auraient été séparés lors de la dislocation de la Pangée – le supercontinent qui a perduré jusqu’au début du Jurassique. Mais leur ADN mitochondrial montre une parenté forte avec Apteryx australis ou kiwi, le petit oiseau omnivore néo-zélandais, et plus distante avec les grands coureurs africains. La proximité géographique ne se traduit donc pas par une proximité phylogénétique.
Pour expliquer ce résultat, Alan Cooper et ses collaborateurs imaginent que l’ancêtre des oiseaux éléphants est arrivé à Madagascar en volant et que ses descendants ont perdu cette capacité car l’île n’hébergeait pas de prédateurs. Selon eux, certains oiseaux auraient perdu le vol en s’installant, à l’aube du Tertiaire – il y a environ 65 million d’années –, dans les niches écologiques récemment libérées par l’extinction massive des dinosaures, les principaux prédateurs d’alors.

Mitchell KJ et al. (2014) Science 344, 898-900

Un squelette de kiwi adulte à côté d’un œuf d’Æpyornis maximus, une grande espèce d’oiseau éléphant.
© Kyle Davis et Paul Scofield / Canterbury Museum

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