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Œsophage bioconçu

mercredi 16 avril 2014

par Agnès Vernet

Grâce à la bio-ingénierie des tissus, il est possible de transplanter un œsophage fonctionnel chez des rats.

Plus fort que les greffes classiques, il est aujourd’hui possible de faire repousser une vessie, une trachée et même des vaisseaux sanguins – ce dernier exemple est d’ailleurs aujourd’hui en cours d’évaluation clinique. Les derniers travaux en date présentent la reconstruction in vivo d’un œsophage chez le rat.
Les chercheurs de l’institut suédois Karolinska de Stockholm commencent par créer un échafaudage à partir d’un œsophage prélevé sur un individu donneur, puis soumis à un traitement de décellularisation afin de ne conserver que la matrice extracellulaire. Cet échafaudage garde ainsi les propriétés mécaniques et angiogéniques de l’œsophage du donneur, sans présenter d’antigènes. Les chercheurs greffent ensuite in vitro le tube ainsi obtenu avec des cellules souches mésenchymateuses de la moelle osseuse du futur receveur. Après trois semaines de culture, l’œsophage nouvellement conçu – et immunocompatible – est transplanté à un rat dont l’organe est détruit.
Tous les animaux ayant subi le protocole ont survécu plus de deux semaines après la greffe. Malgré l’absence de traitement immunosuppresseur, les rats ne montrent pas de signes de rejet et prennent plus de poids que les animaux témoins. Les greffons présentent même une régénération des principaux tissus œsophagiens : épithélium, fibres musculaires, réseaux nerveux ou vasculaires sont fonctionnels.
Cette technique de bio-ingénierie tissulaire semble, à ce stade, assez maîtrisée pour avancer vers les essais cliniques, selon ses auteurs. Si la solidité scientifique de ces travaux est confirmée, les œsophages bio-conçus pourront participer aux traitements des patients atteints de cancers de l’œsophage ou de malformations congénitales, qui ne disposent aujourd’hui que de greffons artificiels responsables d’effets secondaires graves voire mortels.

Test des propriétés mécaniques de l’échafaudage œsophagien.
© Macchiarini P et al.

Sjöqvist S et al. (2014) Nat Commun 5, 3562

Après deux semaines de culture, l’échafaudage d’œsophage est kératinisé et présente de multiples couches cellulaires.
© Macchiarini P et al./Nat Commun

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