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P. vivax voyage entre l’homme et le singe

mardi 7 mai 2013

par Safi Douhi

Une équipe internationale a découvert que les lignées de Plasmodium vivax infectant les grands singes africains seraient plus anciennes que celles qui infectent l’homme.

Une équipe internationale regroupant des chercheurs de l’IRD, du CNRS, de l’université et du CHU de Toulouse, du Centre international de recherches médicales de Franceville et de l’Institut de recherches sur l’écologie tropicale, au Gabon, et de l’Université de Californie à Irvine apporte un éclairage nouveau sur l’origine de l’infection humaine à Plasmodium vivax, moins connu que son proche parent P. falciparum mais tout de même deuxième agent du paludisme dans le monde.
En analysant et en comparant le génome de P. vivax chez des grands singes d’Afrique (gorilles et chimpanzés) et des hommes du monde entier, l’équipe internationale pilotée par Franck Prugnolle, chercheur au CNRS au Laboratoire Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (CNRS, IRD, Universités de Montpellier 1 et 2), a démontré que les parasites simiens forment un groupe génétique distinct, bien plus diversifié que celui des parasites de l’homme. Une découverte surprenante qui suggère une origine plus ancienne de la lignée parasitaire simienne africaine alors que les scientifiques pensaient que P. vivax était apparu chez l’homme en Asie, à l’issue d’un transfert de parasites de petits singes.
L’hypothèse des chercheurs est que le parasite aurait connu deux vagues d’expansion au cours de son histoire évolutive. La première, très probablement à partir de l’Asie, serait à l’origine de la lignée découverte chez les grands singes africains. La seconde, ultérieure, aurait, quant à elle, engendré la lignée qui parasite l’homme aujourd’hui. Reste maintenant à déterminer l’origine géographique de cette seconde vague.
Dans leur étude, les chercheurs montrent, par ailleurs, que les transferts de P. vivax des singes à l’homme – ou inversement – sont possibles alors qu’aucun lien entre les parasites circulant chez les grands singes africains et l’homme dans les autres régions du monde n’avait encore été établi. Un parasite appartenant à la lignée simienne africaine a ainsi été isolé chez un patient de retour d’un séjour dans les forêts d’Afrique Centrale et chez une espèce de moustique de la forêt équatoriale connue pour piquer l’homme. Les chercheurs ont également relevé le cas d’un chimpanzé en République Démocratique du Congo, infecté par une souche très proche génétiquement de la lignée humaine de P. vivax.
Des découvertes qui apportent une contribution nouvelle à la résolution d’un ancien paradoxe concernant l’infection de voyageurs par P. vivax en Afrique Centrale, alors que le parasite n’infecte pas les populations humaines, largement résistantes, de cette région. Elles posent également la question du rôle des grands singes comme réservoir de parasites pour l’homme.

Prugnolle F et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA, doi : 10.1073/pnas.1306004110

Gamétocyte de P. vivax dans un échantillon sanguin
Via Wikimedia Commons

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