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Repousser la stérilité humaine

mardi 1er octobre 2013

par Agnès Vernet

Des femmes atteintes d’insuffisance ovarienne précoce pourraient surmonter leur stérilité grâce à un protocole développé au Japon.

Chaque naissance est un miracle. Et quand un enfant naît d’une mère stérile, sans menstruations depuis plusieurs années, c’est aussi la démonstration scientifique des progrès de la médecine procréative. Des chercheurs des universités japonaises Sainte-Marianna, à Kawasaki, et d’Akita, en collaboration avec l’université américaine Stanford, mettent en application de récentes découvertes en biologie du développement et donnent un fol espoir aux femmes atteintes d’insuffisance ovarienne, un dysfonctionnement qui touche 1 % des femmes de moins de 40 ans. La voie de signalisation HIPPO est connue pour contrôler la taille des organes chez l’ensemble des métazoaires. En s’appuyant sur cette voie et sur le rôle de la voie PTEN/AKT, qui intervient dans l’activation des follicules primordiaux dormants, les médecins ont imaginé un protocole clinique, baptisé « activation in vitro » (AIV), permettant à des femmes considérées comme stériles de produire des ovocytes fonctionnels.
En pratique, 27 femmes en insuffisance ovarienne primaire – ou précoce – ont participé à cette étude clinique japonaise. D’âge moyen 37 ans, elles ne présentaient plus de menstruations depuis 6,8 ans en moyenne. Chez 13 d’entre elles, les médecins ont mis en évidence des follicules résiduels. Après leur prélèvement, les cellules germinales ont été soumises à un double traitement : une fragmentation, afin de rompre la signalisation HIPPO, puis la stimulation de la voie AKT, afin de relancer la maturation des follicules. Les fragments cellulaires ont ensuite été réimplantés à proximité des trompes de Fallope. Avec ce traitement, huit patientes ont présenté des signes de croissance folliculaire. Elles ont alors bénéficié d’un traitement hormonal pour accompagner la maturation. Pour cinq d’entre elles, la procédure a permis d’obtenir des ovocytes matures qui ont été prélevés afin de réaliser une fécondation in vitro avec le sperme de leur conjoint.
Cet essai clinique a abouti à la naissance d’un enfant en parfaite santé. Une autre patiente a dû affronter l’échec de sa grossesse. Une troisième poursuit actuellement la sienne et les deux dernières patientes attendent le transfert d’embryon.
Si ces résultats peuvent être reproduits, l’AIV devrait rapidement se propager à travers le monde et pourrait facilement être étendue à des indications apparentées, chez les femmes atteintes de ménopause précoce notamment, une situation fréquente après une chimiothérapie.

Kawamura K et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA, doi:10.1073/pnas.1312830110

Kazuhiro Kawamura, principal auteur de l’étude, et l’enfant né grâce à ce protocole.
© avec l’aimable autorisation de K. Kawamura

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