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Retour sur l’histoire migratoire de l’Afrique

vendredi 9 octobre 2015

par Agnès Vernet

L’analyse du génome ancien, d’un africain ayant vécu il y a 4 500 ans, éclaire sur des mouvements migratoires millénaires.

Les grandes découvertes de l’histoire de l’humanité sont toujours le fait d’une chance inouïe, comme celle offerte aux anthropologues Kathryn et John Arthur, de l’Université de Floride du Sud, qui découvrirent en 2012, en Éthiopie, au fond d’une cave fraîche et sèche – des conditions idéales pour la conservation de l’ADN – les restes d’un homme. Enterré il y a 4 500 années, il a été appelé Mota par les scientifiques en référence au nom du site. L’isolement puis le séquençage de cet ADN ancien lève le voile sur l’histoire du continent africain et notamment sur un flux migratoire qui marque l’arrivée, il y a 3 000 ans, dans la Corne de l’Afrique d’une population très proche des premiers agriculteurs du Néolithique et venant d’Asie occidentale (Proche-Orient, Anatolie). Un retour vers une région d’Afrique surnommée le berceau de l’humanité alors que le continent est surtout réputé pour être une terre d’émigration. Le premier séquençage complet d’un génome ancien africain précédant cet événement établit une référence pour les paléogénéticiens.
La comparaison de la séquence de Mota et des génomes des africains modernes permet de mesurer l’impact de cette migration d’Asie occidentale sur la diversité génétique des populations et ainsi d’en évaluer l’importance. D’après les résultats des travaux menés par un consortium international, dirigé par Andrea Manica de l’Université de Cambridge et Ron Pinhasi de l’University College de Dublin, l’ampleur de cette migration est bien plus importante qu’attendu. Les personnes vivant aujourd’hui en Afrique de l’Est ont hérité jusqu’à 25 % de leur génome des migrants venant d’Asie occidentale. À l’échelle du continent, le degré d’hérédité avec ces ancêtres asiatiques ne descend pas sous les 5 %, même pour des populations considérées comme peu métissées comme les pygmées Mbuti.
Pour laisser des traces aussi importante 3 000 ans plus tard, ce flux migratoire a dû entraîner un très grand nombre d’individus. Les causes de ce départ massif restent inconnues. Mais les archéologues remarquent que l’arrivée de ces populations asiatiques en Afrique coïncident avec le développement de l’agriculture et notamment avec des cultures du blé et de l’orge dans la région.

Gallego Llorente M et al. (2015) Science, doi:10.1126/science.aad2879

La tombe de Mota.
© Kathryn et John Arthur

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