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Séralini ne convainc ni l’Anses ni le HCB

mardi 23 octobre 2012

par Agnès Vernet

Après expertise de l’étude sur le maïs NK603 et du RoundUp, l’Anses et le HCB n’adhèrent pas aux conclusions de Gilles-Éric Séralini. Mais les protocoles d’évaluation du risque sanitaire n’en sortent pas indemnes.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et le Haut conseil des biotechnologies (HCB) ont pris un mois pour examiner l’étude de Gilles-Éric Séralini et ses collaborateurs parue dans Food & Chemical Toxicology. Et si elles s’accordent sur le fait que les conclusions des auteurs ne sont pas portées de manière convaincante par les données scientifiques, le traitement général des chercheurs du CRIIGEN n’en est pas moins différent. D’un côté, le HCB pointe des « interprétations spéculatives », des « lacunes et faiblesses méthodologiques rédhibitoires » et une « présentation des résultats parcellaire et imprécise ». De l’autre, l’Anses qualifie l’étude « d’ambitieuse et originale » mais relève des « faiblesses d’ordre statistique et explicatives ». Bref, les conclusions sur la toxicité à long terme du maïs NK603 et/ou du pesticide RoundUp ne convainquent pas.
Le Groupe d’expertise collective d’urgence (Gecu), convoqué par l’Anses et présidé par Jean-Pierre Cravedi, directeur de recherche à l’Inra de Toulouse, a eu accès à certaines données brutes fournies par Gilles-Éric Séralini. Leur analyse combinée aux résultats présentés dans Food & Chemical Toxicology ne permet pas de mettre en évidence de relation effet dose, d’après les conclusions de l’agence sanitaire. Jean-Pierre Cravedi explique ainsi que « compte tenu des différences [d’échelle] entre les doses de RoundUp testées, on ne peut pas construire de courbe des doses ». Par ailleurs, les résultats significatifs observés par l’équipe de l’Université de Caen ne le sont pas après l’ajustement statistique opéré par le groupe d’experts.
Sur la seconde partie de la saisine, la question générale des protocoles d’évaluation des risques, l’Anses semble aller dans le sens de Gilles-Éric Séralini. Marc Mortureux, son directeur, a ainsi rappelé les démarches entamées en 2010 auprès des autorités européennes afin de réformer l’évaluation des produits réglementés. La communication des conclusions de l’expertise a ainsi été l’occasion de recommander l’engagement de recherches à long terme sur les couples OGM/pesticide, l’élaboration de protocoles adaptés à ces études et la poursuite des travaux sur les effets cocktails. Marc Mortureux a aussi déclaré « [qu’]il existe un besoin de pouvoir mobiliser des financement publics, français ou européens, pour réaliser des recherches sur un risque sanitaire insuffisamment documenté ». Les experts du Gecu n’ont identifié que deux études plus ou moins comparables à celle de l’équipe de Gilles-Éric Séralini. Ce constat conduit le directeur de l’Anses à plaider pour la création en France d’un dispositif similaire au National Toxicology Program américain qui permet d’engager, sur des fonds publiques, des études lourdes suite à des problématiques toxicologiques urgentes.

Sources : Anses, HCB

© Joel Penner via Wikimedia Commons

À lire aussi, l’entretien avec Gilles-Éric Séralini

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