Accueil du site > MEDTECH > Stupéfiantes morsures d’abeille

Stupéfiantes morsures d’abeille

jeudi 15 novembre 2012

par Agnès Vernet

Une nouvelle molécule anesthésique très peu toxique a été découverte chez les abeilles. Du miel d’innovation.

Les abeilles n’ont pas fini de nous étonner : leur morsure contient... un anesthésique naturel. C’est ce que vient de découvrir une équipe de chercheurs grecs et chypriotes, en collaboration avec le laboratoire Évolution, génomes et spéciation du CNRS. Les chercheurs montrent que la morsure des abeilles domestiques (Apis mellifera) contient la 2-heptanone (2-H), un anesthésique naturel, à la fois efficace et très peu toxique.
Jusqu’à présent, plusieurs hypothèses avaient été émises concernant la fonction de la 2-H, sécrétée par les glandes mandibulaires des abeilles. Ce composé, naturellement présent dans de nombreux aliments ainsi que chez les insectes, n’avait jamais révélé ses propriétés anesthésiques.
Les travaux menés par George Theophilidis montrent que la 2-H paralyse les petits arthropodes mordus par les abeilles pendant une durée allant jusqu’à neuf minutes. Un peu à la manière d’un serpent avec sa proie, les abeilles utilisent leurs mandibules pour mordre un indésirable et sécréter cette substance dans la blessure pour l’anesthésier. Il leur est alors possible d’éjecter l’intrus à l’extérieur de la ruche. Cette technique est particulièrement efficace contre certains prédateurs et parasites trop petits pour être piqués et tués par le venin. Cet anesthésique peut non seulement aider les abeilles à repousser des ravageurs des colonies tels que la fausse teigne Galleria mellonella et l’acarien parasite Varroa destructor, mais il présente aussi un grand potentiel pour une utilisation en médecine humaine.
Les chercheurs ont comparé les propriétés anesthésiantes de la 2-H avec celles de la lidocaïne, un anesthésique local très courant. Les tests, réalisés sur la larve de la fausse teigne et sur une préparation de nerf sciatique de rat, ont montré que les propriétés des deux molécules sont très similaires, tout comme leur mode d’action, le blocage de canaux sodium voltage-dépendants. Par ailleurs, la 2-H semble encore mieux tolérée que la lidocaïne. Au vu de sa faible toxicité, l’anesthésique des abeilles possède un grand potentiel d’utilisation pour les hommes et les animaux. Cette découverte fait d’ailleurs déjà l’objet d’un brevet.

Papachristoforou A et al. (2012) PLoS ONE 7(10), e47432

Source : CNRS

SPIP Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | mentions légales | logo Lavoisier logo facebook logo twitter Se connecter