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Survivre grâce au microbiote

jeudi 1er octobre 2015

par Agnès Vernet

En cas de sous-alimentation, des bactéries du microbiote favorisent l’assimilation des protéines par l’hôte et jouent un rôle crucial dans la réponse à cette situation critique.

Dans un corps humain, il y a 10 fois plus de cellules microbiennes que de cellules humaines. Cette masse, de bactéries intestinales notamment, n’est pas neutre et la relation de symbiose très complexe que nous avons établie avec ces micro-organismes commence seulement à être appréhendée. On sait désormais que le microbiote joue un rôle dans l’immunité, influence le métabolisme et le système hormonal. D’après des recherches menées au sein de l’Institut de génomique fonctionnelle de Lyon, il a aussi une fonction critique en cas de sous-alimentation.
Le microbiote de la drosophile est un modèle expérimental précieux car il est peu complexe et dominé par des espèces bactériennes bien connues et faciles manipuler – les familles des bactéries acétiques et des lactobacilles. Il a été démontré que ces dernières favorisent la prise de poids et la maturation des larves juvéniles des mouches au cours d’une croissance normale. Mais qu’en est-il quand les apports en nutriments sont insuffisants ? De précédents travaux ont suggéré que les lactobacilles améliorent l’efficacité alimentaire en cas de sous-alimentation, c’est-à-dire qu’elles facilitent l’assimilation des nutriments. Les chercheurs de Lyon viennent d’élucider le mécanisme moléculaire sous-jacent. Les bactéries activent l’expression des peptidases intestinales, ce qui améliore la digestion des protéines et donc le taux d’acides aminés assimilables. Cette hausse de l’activité enzymatique est à la fois suffisante et nécessaire pour stimuler la croissance des jeunes mouches. Le microbiote joue donc un rôle central dans une stratégie de survie de l’organisme hôte. Si celui-ci est infecté par des bactéries pathogènes, en revanche, cette optimisation des ressources disponibles ne fonctionne plus, dégradant considérablement la réponse à une situation critique.
Ces travaux démontrent que non seulement le microbiote influence des fonctions essentielles de son hôte mais qu’en plus son rôle peut s’avérer décisif en termes de survie.

Erkosar B et al. (2015) Cell Host & Microbe 18, 1-11

Représentation artistique de jeunes larves de drosophile en situation de sous-alimentation.
© Berra Erkosar

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