Comment empêcher l’éclosion de moustiques dans les jardins privés et les balcons ? Voilà une question qui intéresse fortement les spécialistes de santé publique. Les chercheurs de l’IRD proposent une stratégie qui permet de toucher des gîtes très attractifs pour le genre Aedes : les coupelles que nous laissons sous les pots de nos balcons.
Ils ont eu l’idée d’associer aux engrais domestiques un insecticide. Ce concept passe actuellement l’épreuve du brevet tant au niveau national qu’international (depuis le mois d’avril 2012). Frédéric Darriet, du Laboratoire de lutte contre les insectes nuisibles, à Montpellier, raconte que l’idée est venue d’une observation simple : les moustiques du genre Aedes pondent préférentiellement dans les coupelles où l’eau contient un peu d’engrais. « En pratique, les mélanges d’azote, de potassium et de phosphate favorisent le développement de la biomasse végétale dans la coupelle, explique-t-il. Les larves y trouvent facilement de quoi se nourrir. Elles ont à la fois le gîte et le couvert. » L’invention s’appuie donc sur ce comportement particulier pour cibler ces gîtes de pontes très productifs. Différents larvicides peuvent être utilisés, du moment qu’ils respectent les législations européennes.
Combinée à d’autres, cette stratégie pourrait participer à la protection des populations contre le chikungunya ou la dengue, deux pathologies véhiculées par les espèces A. albopictus et A. ægypti. L’équipe de Frédéric Darriet travaille actuellement à la définition des mélanges et compositions d’engrais/larvicides optimisés, en attendant la bonne rencontre avec un industriel.
Darriet F, Corbel V (2008) Parasite 15, 89-92
Darriet F et al. (2010) Parasite 17, 149-54
Aedes albopictus © James Gathany/CDC via Wikimedia Commons