Trouver l’équilibre dans son couple mutualiste

Dans toutes les relations, l’équilibre entre les deux partenaires est une des choses les plus compliquées. C’est aussi vrai pour les relations de mutualisme. Elles ne peuvent s’installer dans le temps que s’il existe des mécanismes qui évitent la dominance d’une espèce sur l’autre.
Des recherches menées en collaboration entre l’Université Paul Sabatier de Toulouse, le CNRS et l’IRD montrent comment, en Guyane, une plante de sous-bois calme les ardeurs des fourmis partenaires afin de préserver l’équilibre de leur association.
H. physophora est un myrmécophyte qui crée une relation mutualiste avec les fourmis A. decemarticulatus. Ces dernières protègent la plante des attaques d’insectes phytophages en échange d’un abri dans ses poches foliaires. Dans certains cas, A. decemarticulatus détruit les bourgeons d’H. physophora afin d’en détourner la croissance, au détriment de la reproduction de la plante. H. physophora a alors tendance à former davantage de poches foliaires, donc de niches pour les fourmis, que de fleurs. Ces nouveaux travaux montrent que le myrmécophyte ne se laisse pas faire. Si la colonie d’A. decemarticulatus détruit un volume trop important d’organes sexuels, H. physophora développe des poches foliaires de très petite taille, ne permettant pas l’installation des fourmis. Sans cette défense d’H. physophora contre la virulence d’A. decemarticulatus, les fourmis deviendraient de simples parasites. Un mécanisme qui illustre l’équilibre délicat des bénéfices réciproques à l’origine de la pérennité de la relation mutualiste.

Malé PJG et al. (2013) Evol Biol, doi:10.1007/s11692-013-9242-7

Une ouvrière A. decemarticulatus découpe un bourgeon d’H. physophora
© Pierre-Jean Malé