Bien que fréquente dans les élevages, la tuberculose bovine n’intervient pas dans les épidémies humaines. Mycobacterium bovis, la bactérie qui en est responsable, se transmet des bovins aux humains mais semble avoir des difficultés pour passer d’humain à humain. Des chercheurs de l’Université de Saragosse et de l’Institut de santé Carlos III à Madrid, en Espagne, de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale de Toulouse et de l’Institut Pasteur à Paris ont résolu cette énigme. Grâce à des comparaisons génomiques entre M. bovis, M. tuberculosis et M. africanum – une lignée phylogénétiquement proche de M. bovis, sans autre hôte connu que l’homme, confinée en Afrique de l’Ouest et dont le profil de transmission ressemble aux variants animaux –, les chercheurs ont isolé trois mutations pouvant expliquer la faible virulence pour l’homme de certaines lignées de mycobactéries.
Localisées dans le gène phoPR, elles perturbent sa fonction de régulation de la biosynthèse de lipides et de la sécrétion de l’antigène ESAT6, utilisé pour détecter la présence de la mycobactérie dans le sang. Transférées à M. tuberculosis, les mutations entraînent une atténuation de la virulence de cette dernière. L’allèle de phoPR exprimé par le pathogène semble donc expliquer en grande partie les différences de profil épidémique entre M. bovis et M. tuberculosis.
Cette découverte permet de mieux comprendre l’histoire évolutive du micro-organisme pathogène et ainsi d’améliorer sa surveillance moléculaire. Elle désigne aussi une nouvelle voie thérapeutique : cibler phoPR et ses produits d’expression pour atténuer la virulence de M. tuberculosis.
Gonzalo-Asensio J et al. (2014) Proc Natl Acad Sci USA,
doi : 10.1073/pnas.1406693111
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