Les phénotypes d’inversion sexuelle semblent concerner toutes les espèces mammifères, à des fréquences variables – de l’ordre d’une naissance sur 500 chez les porcs à une sur 20 000 chez l’homme (1). Ils correspondent notamment à l’expression de caractères mâles chez des animaux porteurs de deux chromosomes X. Ils sont associés à la mutation du locus PIS (polled intersex syndrome) qui s’étend, chez la chèvre, sur 11,7 kilobases. Sa délétion perturbe l’expression d’au moins trois gènes et supprime celle de plusieurs ARN non codants. Des chercheurs de l’Inra de l’unité Biologie du développement et reproduction, installée à Jouy-en-Josas, en collaboration avec l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire d’Illkirch viennent de démonter l’influence majeure, dans le déterminisme sexuel, du gène FOXL2 (Forkhead box L 2), qui code un facteur de transcription très conservé parmi les vertébrés (2). Grâce à des nucléases à doigt de zinc, ils ont induit des mutations de FOXL2 qui bloquent l’expression de ce facteur de transcription. Bien que porteurs de deux chromosomes X, les fœtus de chèvres modifiés développent des testicules au lieu d’ovaires.
Alors que le développement femelle est généralement considéré comme une voie par défaut, qui ne s’active qu’en absence de signaux mâles, ces travaux suggèrent qu’il existe un processus actif. Le facteur de transcription FOXL2 inhiberait l’expression des caractères mâles tout au long du développement et jusqu’à l’âge adulte.
Voici une piste originale pour comprendre les phénotypes d’inversion sexuelle et rechercher des traitements contre ce type d’infertilité.
(1) Vaiman D (2005) Bull Acad Vet France 158, Supp 4 509-18
(2) Boulanger L et al. (2014) Curr Biol, doi:10.1016/j.cub.2013.12.039
Source : Inra
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