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Un nouveau coupable du déclin des salamandres

mardi 3 septembre 2013

par Agnès Vernet

Un nouveau parasite participerait à la disparition annoncée des salamandres tachetées.

S’il existe une crise de la biodiversité, elle n’est jamais aussi bien observable que sur les amphibiens. Aux quatre coins de la planète, les populations sont décimées. Parmi les nombreux facteurs qui semblent responsables de ce phénomène, la chytridiomycose, une maladie infectieuse, pourrait être à l’origine de la perte de 40 % des effectifs d’amphibiens en Europe, en Australie et en Amérique du Nord. Jusqu’à aujourd’hui, tout indiquait un seul coupable : Batrachochytrium dendrobatidis, un champignon aquatique. En recherchant les causes de la quasi-extinction de la salamandre tachetée – ou commune – (Salamandra salamandra), qui se joue depuis 2010 au Pays-Bas, des chercheurs de l’université belge de Gand et du Centre hollandais de conservation des reptiles et amphibiens – en collaboration avec l’Imperial College de Londres et la Vrije Universiteit de Bruxelles – ont découvert un second parasite qui pourrait participer activement au déclin des amphibiens.
Révélée dans les lésions des salamandres prélevées à des fins de conservation, B. salamandrivorans est une nouvelle espèce de champignon aquatique dont les caractéristiques biologiques suggèrent un fort potentiel comme candidat parasite des vertébrés. La forte similarité de structure entre les zoospores de B. salamandrivorans et B. dendrobatidis indique, en effet, des capacités infectieuses très proches. Les animaux examinés, bien que portant les symptômes de la chytridiomycose, ne semblaient porter aucun autre pathogène connu. De plus, en laboratoire, B. salamandrivorans est capable d’infecter mortellement des salamandres.
En étudiant cette nouvelle espèce, les chercheurs ont découvert qu’elle ne possède pas les mêmes propriétés que B. dendrobatidis. B. salamandrivorans tolère des températures plus fraîches – sa température de vie optimale se situe entre 10 et 15 °C quand B. dendrobatidis reste très actif à 30 °C.
Ce nouvel agent pathogène pourrait jouer un rôle central dans la crise de biodiversité qui a réduit la population des salamandres à seulement 4 % de sa taille initiale au cours des dernières années en Europe du Nord. Il pourrait aussi être un acteur important du déclin global des amphibiens, en infectant des animaux dans d’autres niches écologiques que celle de B. dendrobatidis. En parallèle de la description du parasite mortel, les chercheurs ont conçu un test PCR de détection rapide qui permettra peut-être d’empêcher cette catastrophe écologique.

Martel A et al. (2013) Proc Natl Acad Sci USA,
doi :10.1073/pnas.1307356110

Salamandra salamandra,
© Emilisha via Wikimedia Commons

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