Pour les cultivateurs de fruits de palmiers à huile, déterminer le moment d’initier la récolte doit parfois s’appuyer sur l’instinct. Le fruit existe sous deux formes naturelles : Negrescens, lorsque l’apex est de couleur noire/violette et assez constante, et Virescens, quand les fruits sont immatures et verts, devenant oranges lorsque leur maturité est optimale. Le second phénotype permet donc d’optimiser le moment de la récolte et d’améliorer les rendements en huile.
Des chercheurs de l’Office malaisien du palmier à huile ont réussi à identifier le gène responsable et l’ont nommé VIR. Les analyses phylogénétiques et de transcriptome montrent qu’il s’agit d’un facteur de transcription contrôlant la voie de biosynthèse des anthocyanes, des pigments responsables de la coloration rouge ou bleue de nombreux végétaux. La régulation de cette voie interagit aussi avec celle des flavonoïdes. Pour les agronomes du laboratoire malaisien, le changement de couleur de la peau des fruits reflète certainement la dégradation de la chlorophylle et l’accumulation des carotènes au fur et à mesure de la maturation.
Le phénotype Negrescens, qui pose le plus de problèmes à la récolte, est causé par des mutations du gène VIR. En sélectionnant préférentiellement des graines porteuses d’allèles fonctionnels de VIR au moment de la plantation, soit entre trois et six ans avant la formation des premiers fruits, il serait possible d’améliorer le rendement en huile des cultures, sans en étendre davantage la surface.
Singh R et al. (2014) Nat Commun 5, 4106
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Virescens en trois couleurs : du fruit immature, à gauche, à la maturité optimale, à droite.
© Nature Communications