Lorsqu’une espèce arrive sur un nouveau territoire, si elle n’y rencontre ni prédateur ni parasite, elle risque de devenir invasive. C’est la situation du frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax). Introduit en France en 2004, cet hyménoptère est devenu un prédateur des aculéates sociaux européens, comme l’abeille domestique. Aujourd’hui, son expansion semble irrépressible. Éric Darrouzet, de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte de Tours, vient peut-être de trouver un moyen de la contrôler.
En étudiant 12 colonies de V. velutina dans les environs de Tours entre juin et août 2013, il a découvert une faille chez ces terrifiants insectes. Seulement trois nids se développaient normalement, les neuf autres périclitaient. Dans deux colonies en souffrance, le biologiste et son équipe ont découvert des reines mortes. Leurs analyses ont montré qu’elles avaient été infectées par Conops vesicularis, une mouche endoparasitoïde, c’est-à-dire qui pond ses œufs dans des hôtes vivants. Dans les sept autres nids, nulle trace de la reine, qui a pu mourir hors du nid suite à une infection. Une colonie ne peut pas survivre sans reine. Ces travaux constituent la première mise en évidence d’une atteinte du frelon asiatique par un parasite européen. Ils permettent d’espérer le développement de méthodes de biocontrôle.
Avant cela, il faudra encore découvrir le mécanisme d’infestation de C. vesicularis et s’assurer que l’endoparasitoïde ne met pas en péril les autres populations d’hyménoptères.
Darrouzet E et al. (2014) Apidologie,
doi:10.1007/s13592-014-0297-y
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© Éric Darrouzet