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Un poisson détecteur de perturbateurs endocriniens

mardi 26 juin 2012

par Agnès Vernet

Un poisson zèbre génétiquement modifié révèle la présence de perturbateurs endocriniens par fluorescence. Un outil pertinent pour déceler ces substances dans l’environnement qui interroge aussi sur leur impact sur le vivant.

Le vivant est terriblement sensible à certaines substances, notamment à celles que l’on appelle les perturbateurs endocriniens (PE), une classe bien difficile à détecter car les éléments qui la constituent ne se ressemblent pas par leur structure mais par leur action sur le vivant. Dans ce cas, quoi de mieux que des animaux pour les détecter ?
Les équipes conjointes de l’Unité d’écotoxicologie in vitro et in vivo de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), et de l’Inserm U1085 de Rennes viennent de publier un article démontrant l’utilisation d’un modèle de poisson zèbre génétiquement modifié (1). Les chercheurs se sont intéressés à la sensibilité pour les œstrogènes d’un gène uniquement exprimé, chez le poisson, dans les cellules précurseurs de la glie radiaire. Ce gène, cyp19a1b, codant une aromatase clé de la conversion androgène/œstrogène, a en effet été identifié comme particulièrement sensible aux variations d’hormones exogènes (2). Les biologistes français ont donc travaillé sur un poisson zèbre chez qui la Green Fluorescent Protein (GFP) est exprimé sous contrôle du gène cyp19a1b.
L’exposition à différentes hormones, naturelles ou synthétiques, œstrogéniques ou progestéroniques, des embryons de poissons modifiés provoque chez ceux-ci l’illumination de la glie radiaire. Les embryons étant transparents, cet effet est visible directement. Cette fluorescence mesurée par imagerie in vivo de type microscopie « plein champs » a mis en évidence le rapport dose-dépendant de la fluorescence pour chaque type d’hormone. Parmi les substances testées, certaines n’avaient pas fait l’objet de publication propre concernant leur potentiel de perturbateur endocrinien. Cette recherche fournit un élément de poids dans ce sens.
Cet outil sera certainement utilisé pour détecter les PE dans la nature. Il pose aussi de nombreuses questions quant à leur effet sur le vivant. La localisation, strictement cérébrale, de cette enzyme visiblement influencée par les hormones exogènes, même à un stade très précoce du développement, interroge sur l’impact des PE sur le cerveau. Des études similaires pourraient être menées sur d’autres modèles vertébrés pour mieux évaluer cette problématique.

(1) Brion F et al. (2012) PLoS ONE 7, e36069
(2) Menuet A et al. (2005) J Comp Neurol 485, 304–20

© O. Kah/Inserm

La présence de perturbateurs endocriniens provoque la fluorescence

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