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Un vaccin contre le virus Nipah passe l’épreuve des singes

vendredi 10 août 2012

par Agnès Vernet

On a peut-être enfin une solution contre le virus Nipah, létal pour l’homme. Un vaccin protège efficacement les singes.

Un consortium nord-américain de chercheurs mené par Katerine Bossart, du laboratoire de microbiologie de l’École de médecine de l’Université de Boston, vient de publier les résultats très encourageant d’un essai thérapeutique chez le singe d’un vaccin contre le virus Nipah, responsable d’une zoonose découverte en Malaisie, en 1999.
Bien qu’il ne soit vraiment adapté qu’aux chauves-souris frugivores du genre pteropus, le virus Nipah passe facilement dans d’autres espèces, en l’occurrence le porc, le singe et l’homme. Apparu parallèlement en Australie, le virus Hendra a de nombreuses caractéristiques biologiques communes avec Nipah mais préfère les chevaux et les hommes. Ces deux pathogènes sont des paramixovirus qui apparaissent proche en terme de sérologie et de propriétés moléculaires alors que les autres membres de cette famille sont plus éloignés. À eux deux, Nipah et Hendra forment ainsi un nouveau genre de virus : les hénipavirus.
Du point de vue clinique, le virus Nipah provoque une maladie caractérisée par une encéphalite et/ou des atteintes respiratoires. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il se transmet à l’homme à partir des animaux, mais aussi par contagion interhumaine directe : au Bangladesh, la moitié des cas notifiés entre 2001 et 2008 résultaient d’une telle transmission. Mortel – son taux de létalité se situe entre 40 et 75 % –, il n’existe aucun traitement ni vaccin chez l’homme ou l’animal contre ce virus.
Katerine Bossart et ses collaborateurs ont travaillé sur un vaccin développé à partir d’une forme recombinée d’une glycoprotéine de l’enveloppe du virus Hendra. Des recherches récentes menées in vivo (sur des petits animaux) et in vitro (sérologie) ont suggéré que cet immunogène était un bon candidat vaccin contre les hénipavirus.
Compte tenu de la similarité de symptômes entre l’homme et le singe vert d’Afrique, ce dernier semble un bon modèle d’évaluation du vaccin. Les biologistes américains ont ainsi vacciné 9 singes avec 3 solutions de vaccin de concentrations différentes. Après 42 jours, ils ont inoculé une dose létale du virus Nipah aux animaux vaccinés. Tous les animaux ont survécu, sans même présenter de symptôme clinique ou de trace de réplication virale d’après les analyses sanguines.
Les chercheurs poursuivent leur évaluation préclinique afin d’envisager au plus tôt la soumission d’un vaccin humain à la Food and Drug Administration. Côté médecine vétérinaire, ce vaccin est d’ores et déjà lancé dans un protocole de développement commercial en Australie.

Katharine N. Bossart et al. (2012) Sci Transl Med 4, 146ra107

Virus Nipah
© CDC/ C. S. Goldsmith, P. E. Rollin via Wikimedia Commons

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