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Un ver pour traiter les MICI

mardi 17 juin 2014

par Agnès Vernet

L’étude d’un ver parasite de l’homme et de son cousin porcin engendre de nouveaux espoirs contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).

Les vers parasites du genre Trichuris sont éloignés du point de vue phylogénique du nématode modèle Cænorhabditis elegans. Très spécialisés, ils s’installent dans l’épithélium du côlon, en particulier dans le premier segment du gros intestin (cæcum), et peuvent provoquer des trichocéphaloses, des infections souvent asymptomatiques qui seraient malgré tout responsables de 10 000 décès chaque année selon l’Organisation mondiale de la santé. Mais l’intérêt que suscite les Trichuris ne réside pas dans leur caractère pathogène, plutôt dans une propriété thérapeutique récemment mise en lumière.
En activant le lymphocyte T2 auxiliaire et la signalisation de l’interleukine 13, ces parasites peuvent participer aux traitements des maladies auto-immunes. Des essais cliniques sont en cours pour mesurer l’impact de l’administration de larves de T. suis – spécifique des porcs donc non pathogène pour l’homme – à des patients souffrant de psoriasis, de sclérose en plaques mais aussi de MICI comme la maladie de Crohn ou la recto-colite hémorragique.
Deux équipes internationales lève le voile sur la biologie fondamentale de ce genre de nématodes. Un premier groupe – associant des équipes britanniques, japonaises et équatoriennes – a ainsi entièrement séquencé le génome et étudié le transcriptome et le protéome de T. trichiura – le pathogène humain – et de T. muris – son pendant murin (1). Cette démarche systématique permet aux chercheurs de décrire finement le mécanisme à l’origine de l’activation immune chez l’hôte mais aussi d’identifier de nouvelles molécules et des traitements potentiels contre les trichocéphaloses.
En s’appuyant sur ces données de référence, un second groupe de recherche – qui réunit des instituts de six pays différents de l’Australie à l’Arabie Saoudite – s’est penché sur T. suis (2). Le génome et les transcriptomes du nématode propre aux porcs mettent en évidence plusieurs molécules immunomodulatrices. L’étude de ces nouvelles cibles de recherche pourrait donner naissance à une nouvelle génération de traitements des pathologies auto-immunes.

(1) Foth BJ et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.3010
(2) Jex AR et al. (2014) Nat Genet, doi:10.1038/ng.3012

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Un Trichuris vu au microscope électronique
© U. Rössler, T. Starborg, A. Bancroft, R. Grencis/Université de Manchester

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