Cinquième céréale la plus cultivée, le sorgho est une plante indispensable à la sécurité alimentaire de la planète. Depuis le séquençage du génome de Sorghum bicolor en 2009 (1), une large collection de spécimens s’est constituée à travers le monde. Cette masse d’informations a permis aux biologistes de l’université américaine de Caroline du Sud, en collaboration avec l’Université Cornell de New York, le Département américain de l’agriculture et les instituts de recherches sur les cultures tropicales semi-arides d’Inde et du Niger, de construire un planisphère des variations génétiques de cette plante (2).
Pour réaliser cette carte, les chercheurs ont caractérisé environ 265 000 polymorphismes simple nucléotide à partir de 971 échantillons. En combinant ces données génétiques aux caractéristiques morphologiques des espèces de sorgho et à leurs conditions géographiques d’origine, ils proposent un schéma qui décrit, à partir de l’ancêtre de la céréale, sa diffusion à travers l’Asie et l’Afrique en fonction des changements de conditions climatiques.
Si on s’attarde sur un caractère particulier, comme la forme de la panicule, la structure qui porte les graines, ces données illustrent l’adaptation de la plante aux conditions locales. Dans les lieux les plus arides, la panicule du sorgho resserre les graines. Et lorsque le climat est plus généreux en précipitations, l’espace entre les graines s’élargit afin de faciliter leur croissance.
Ce type de recherches systémiques traduit l’importance des spécificités géographiques dans l’agronomie moderne et met à disposition de la communauté agronomique internationale les données indispensables à la sélection, voire à l’amélioration du sorgho, une plante dont la culture est particulièrement sensible aux variations climatiques.
(1) Paterson AH et al. (2009) Nature 457, 551-6
(2) Morris GP et al. (2012) Proc Natl Acad Sci USA,
doi:10.1073/pnas.1215985110
S. bicolor
© Stan Shebs via Wikimedia Commons