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Une invasion rampante

jeudi 6 mars 2014

par Agnès Vernet

Une des espèces les plus invasives du monde, le plathelminthe de Nouvelle-Guinée, a été découverte en France.

Petit et inoffensif ? Ne vous y trompez pas. Ce ver plat est une véritable menace. Le plathelminthe de Nouvelle-Guinée (Platydemus manokwari) fait partie des 100 espèces exotiques les plus néfastes de la planète, selon la liste établie par le Programme mondiale sur les espèces envahissantes. Des chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) ont enregistré sa présence sur le sol français, notamment grâce à l’œil vigilant d’un naturaliste amateur. Le plathelminthe a été repéré dans une serre à Caen et caractérisé morphologiquement et moléculairement grâce à la cytochrome c oxydase, dont les séquences de la sous-unité 1 sont spécifiques à chaque espèce.
L’histoire ne dit pas comment le ver s’est retrouvé dans cette serre et si quelques individus ont réussi à s’en échapper. Mais les chercheurs préconisent des mesures radicales pour éviter tout risque : de l’alerte des autorités européennes à l’éradication locale du plathelminthe et à la mise en quarantaine de ce coin de Normandie. Excessif ? Peut-être pas. Les naturalistes n’oublient pas comment le ver plat néo-zélandais Arthurdendyus triangulatus a envahi le nord de l’Irlande et de l’Écosse dès 1963. Ce plathelminthe qui se nourrit de vers de terre est responsable d’une dégradation importante des processus d’humidification et d’aération des sols... mais il n’est pas sur la liste du Programme mondiale sur les espèces envahissantes !
Les ravages que pourraient provoquer P. manokwari semblent bien plus grands. Originaire d’une zone de haute montagne tropicale, le plathelminthe de Nouvelle-Guinée s’adapte très facilement à des températures inférieures à 10 °C. Facile à contenter, il est réputé représenter une véritable menace pour les populations natives d’escargots et une fois qu’il les a décimées, il n’hésite pas à s’attaquer aux vers de terre. Cette découverte représente donc bien un sérieux risque pour la biodiversité en France, voire, à terme, pour la qualité des sols de culture. Si vous le croisez, signalez-le au MNHN sans tarder.

Justine JL et al. (2014) Peer J 2, e297

P. manokwari, une nouvelle menace pour l’agriculture française ?
© Pierre Gros

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